Mercredi 22 février, le NIS (Nuclear Information Service ou Le service de renseignement nucléaire), un organisme de suveillance nucléaire indépendant, a révélé dans un rapport que plus d’une centaine d’accidents avaient eu lieu dans le cadre du programme nucléaire du Royaume-Uni au long de ses 65 ans d'existence, ce qui montre à quel point le monde est proche d’une catastrophe. Le rapport indique également que 116 travailleurs nucléaires britanniques sont morts dans des accidents ou du cancer causé par la contamination radioactive.
En réponse, le ministère britannique de la Défense a déclaré qu’il n’y avait pas eu d’accident présentant une menace d’exposition aux rayonnements pour les hommes ou pour l’environnement depuis plus de 50 ans. Toutefois, les auteurs du rapport accusent le ministère de la Défense d'essayer de minimiser la gravité de ces incidents.
RT : Tout cela semble très inquiétant. A quel point est-ce dangereux ? Est-il questions de morts en masse et de destruction potentielles ou plutôt des erreurs techniques ?
Paul Ingram (P. I.) : Franchement, on parle plutôt de fautes techniques. Une ou deux situations ont présenté de graves risques. D’habitude, il y des petits risques partout, mais ils sont importants, car il s’agit de l’exposition du grand public à des radiations.
Les accidents sont inévitables quand vous travaillez avec des systèmes aussi complexes impliquant un certain nombre d'éléments divers qui doivent fonctionner parfaitement afin de produire un résultat final parfait
RT : Est-il suffisant de lancer un avertissement pour souligner qu’un accident pourrait arriver ?
P. I. : Oui, un accident peut arriver à tout moment. En fait, les auteurs du rapport ont conclu – et je suis d’accord avec eux – que les accidents sont inévitables quand vous travaillez avec des systèmes aussi complexes impliquant en tout cas un certain nombre d'éléments divers qui doivent fonctionner parfaitement afin de produire un résultat final parfait. S’il y a des problèmes, il y aura alors une réaction en chaîne. Ils peuvent être soit humains soit techniques. En fin de compte, cela signifie que les gens sont inévitablement en danger chaque fois que des armes nucléaires sont déployées.
RT : Les gens ordinaires et les travailleurs dans le secteur du nucléaire seront-ils toujours menacés ? Il y a beaucoup de morts, par exemple, dans l’industrie de la construction, n’est-ce pas ?
P. I. : C’est vrai. Chaque fois qu’il y a une échelle de risque, il y aura sans doute des accidents. Il faut préciser : il n’y a jamais eu d’accidents avec des armes nucléaires britanniques aussi graves que tous ceux, documentés, qui ont eu lieu avec des missiles nucléaires américains et soviétiques.
Un débat public est essentiel pour prendre une décision éclairée sur ces questions.
RT : Est-il vrai quele système britannique dépend des satellites américains et qu’on utilise beaucoup de technologies américaines dans l’ensemble du système anglais ?
P. I. : Tout à fait. Nous ne le savons pas exactement parce que le gouvernement protège ces informations, mais nous pensons que le raté de missile dont on a parlé cet été, était quasi-certainement un problème américain. Un missile américain a été lancé et les données télémétriques de ce missile ont connu un problème lié aux composants américains et à la technologie américaine.
RT : De tels rapports sont-ils utiles ? La Grande-Bretagne ne semble-t-elle pas vulnérable à cause de cela, pas aussi sécurisée qu’elle devrait être, en ce qui concerne les armes nucléaires ?
P. I. : Ce type de rapports sont utiles parce que, si nous voulons avoir un débat public ouvert, nous aurons besoin des informations accessibles. Un débat public est essentiel pour prendre une décision éclairée sur ces questions. Nous avons besoin de débats publics en Russie, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni parce que, en fin de compte, ces systèmes sont très dangereux. Si on le passe sous silence, les politiciens vont aborder le sujet et dire toutes sortes de bêtises.
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