La population de Mossoul souffre d'une opération préparée «à la hâte» et Daesh en tire profit

L'offensive sur Mossoul soutenue par l'Occident fera certainement beaucoup de victimes dans la population civile, qui souffre toujours le plus de ce type de combat, affirme le diplomate britannique Alastair Crooke.

Plus de 2 000 personnes ont fui la ville de Mossoul en un seul jour, alors qu'une offensive soutenue par les Etats-Unis avance dans les quartiers ouest de la ville. Il s'agit là du plus grand exode depuis le début des opérations pour reprendre Mossoul à Daesh.

L’ONU a exprimé de vives inquiétudes quant à la situation humanitaire, alors qu'elle développe ses camps déjà bondés de réfugiés fuyant la zone.

RT : Des civils de Mossoul racontent aux médias que les snipers et l'appui aérien ciblent Daesh dans des zones résidentielles. Que peut-on faitre pour éviter de faire des victimes parmi les civils dans ces combats ?

С’est toujours les civils qui sont les principales victimes de ce type de combat

Alastair Crooke (A. C.) : Il est toujours difficile d’éviter les pertes civiles. Si vous voulez une réponse franche, il est impossible d’en éviter dans la guerre urbaine. Parce que les insurgés se seront bien sûr infiltrés, ils seront clandestins, ils tendront des pièges. Ils utiliseront souvent la population civile pour dégager des positions. Il y aura certainement des victimes et de nombreux morts. Malheureusement, c’est toujours les civils qui sont les principales victimes de ce type de combat.

RT :  Comment pourrait-on réduire ce risque ? Nous savons qu’une des tactiques les plus efficaces à cet égard est l’utilisation des couloirs humanitaires, pourquoi n’en avons-nous pas vu à Mossoul ?

A. C. : Il y a une manière de le faire, et cette manière a été largement appliquée en Syrie : nettoyer tout d'abord la zone autour de la ville, les bases autour de la ville qui soutiennent les insurgés. On contrôle la zone autour de la ville, lorsque l'on impose le siège, pas contre les civils, mais contre les insurgés, de manière à ce qu'ils n'aient plus de munitions, qu'ils soient épuisés, fatigués, affaiblis. Ensuite, on ouvre les couloirs et on encourage les civils à sortir.

Daesh a creusé une ville sous la ville

Le problème a toujours été que les hommes politiques veulent que les choses soient résolus rapidement, ils ne sont pas disposés à patienter durant un long siège. Ils ne veulent pas attendre. Ils veulent une victoire. Ils veulent une victoire à présenter immédiatement [au public]. A Mossoul, ils étaient supposés atteindre la victoire avant que le président Obama ne quitte son poste. Du coup, tout a été fait à la hâte, de manière à pouvoir avoir une victoire rapide. A ce moment-là ils s'attendaient à ce que Daesh se retire de Mossoul et se dirige à Raqqa, résultat dont les autorités américaines auraient été satisfaites : pousser le problème de Mossoul vers la Syrie. Cela n'a pas eu lieu, et ce sera un combat vraiment difficile.

L’armée irakienne perd beaucoup d’hommes, la Brigade d’or a essuyé de nombreuses pertes. Le problème est que, d'après ce que j'entends, Daesh a de fait creusé une ville sous la ville. Ils n'ont pas seulement quelques tunnels, ils ont une ville sous la ville. Il sera très difficile de l'éliminer.

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