RT : Les dirigeants européens ont vite proclamé que ce résultat était une défaite majeure du «populisme anti-européen». Il semble que Norbert Hofer ait énervé l’establishment européen...
Marcus Franz (M. F.) : Je crois que toute cette campagne électorale était centrée sur les valeurs et le patriotisme. Au cours des deux dernières semaines nous avons encore eu des débats sur le nazisme : cela fait peur à la population et beaucoup de gens ont changé d'opinion en décidant d'aller voter pour Alexander Van der Bellen. Nous avons toujours ce vieux débat autour du nazisme. Je crois qu'il n’est pas juste de continuer à en discuter encore et encore, car il n’y a aucun nazisme en Autriche. Mais les électeurs cherchent à avoir une meilleure réputation en Europe. J’estime que c’est ça, la raison principale pour laquelle Norbert Hofer a échoué aux élections aujourd’hui.
RT : Les adversaires de Norbert Hofer l’avaient étiqueté nationaliste et radical. Pensez-vous qu’ils aient raison, compte tenu de ses positions peu conventionnelles à l’égard de certaines questions essentielles ?
M. F. : On l’avait juste étiqueté comme nationaliste. En réalité, c'est un patriote, un vrai Autrichien qui tente de lutter pou son pays – il l’a toujours dit. Mais d'autres partis essaient de faire un nationaliste de lui, un homme mauvais pour l’Europe, un ennemi des conceptions européennes...
Si vous voulez être un nouveau politicien, ils vous appelleront «un nazi»
RT : Les partisans de Norbert Hofer estiment que les principaux médias auraient lancé une campagne de dénigrement contre leur candidat. Pensez vous que cela ait pu contribuer à la défaite de Hofer ?
M. F. : Oui, c’était une sorte de campagne de dénigrement de la part des médias, toujours un peu gauchistes, particulièrement en Autriche [...] C’est un problème très spécifique de l’Autriche et de l’Allemagne. Le mot «nazi» est une étiquette pour tout homme politique, afin de lui créer des difficultés - car il aura besoin de se défendre contre ce mot. C’est vraiment une grande affaire dans la politique autrichienne : vous ne pouvez prendre une orientation politique nouvelle, parce que si vous voulez être un homme politique nouveau, ils vous qualifieront de «nazi». C’est un grand problème.
RT : Nous avons vu une dynamique de votes antisystèmes cette année : le Brexit, les élections présidentielles américaines... Pensez-vous que ce vote autrichien mettrait fin à la tendance ?
M. F. : Nous avons eu une période électorale très longue : elle a duré près d’un an. Les électeurs étaient épuisés aux cours des derniers mois, avec tous ces débats, toutes ces discussions. Mais il y a aussi eu une dynamique qui a influencé le choix électoral.
Nous nous tournons vers la droite, vers plus de patriotisme
RT : Norbert Hofer a dit qu’il allait se représenter aux élections présidentielles à l’avenir. Il a été si proche de l’emporter cette fois. Pensez-vous qu’il ait des chances de finir par remporter les élections ?
M. F. : Il est assez jeune pour y participer, encore et encore. Je pense que le battaille ne fait que commencer car nous avons besoin d’une nouvelle orientation politique, de nouveaux hommes politiques partout en Europe et surtout en Autriche. Le système a vieilli et les gens en ont ras le bol. Je pense que c’était le premier pas nous rapprochant d'une nouvelle politique. Les Anglais nous devancent – le Brexit était une grande avancée vers la nouvelle politique européenne. Et nous verrons ce que l’avenir nous réserve.
RT : Peut-être qu’on ne s’attendait pas à ce qu’il ait autant de soutien, mais il a failli gagner les élections. Comment se positionnent désormais les politiciens autrichiens ? Se tournent-ils vers la droite ?
M. F. : Nous nous tournons vers la droite, vers plus de patriotisme. Nous nous rapprochons des frontières, puisque l’Union européenne dans son ensemble a été jusqu’à présent incapable de fermer ses frontières. Peut-être que ce sera réalisé au cours des mois à venir, étant donné que la crise migratoire n’est toujours pas résolue, il y a encore un afflux d’immigrants illégaux, et c’est notre plus grand problème pour les mois et années à venir. Si nous observons l’Afrique et ses frontières, nous constatons que des millions de personnes attendent pour partir en Europe et nous devons gérer cette crise le plus vite possible.
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