Les partisans du «non» ont remporté le référendum en Italie, Matteo Renzi a annoncé sa démission. Selon la journaliste italienne Anna Mazzone, l'issue de ce scrutin n'est que le résultat de l'incompétence des dirigeants italiens.
RT : Pensez-vous que ce référendum reflète la simple défiance du peuple envers Matteo Renzi, ou y a-t-il une plus large envie des changements radicaux ?
Anna Mazzone (A. M.) : Je crois qu'un tel résultat - le fait que 60% des Italiens ont rejeté les réformes constitutionnelles - cela implique au fond un vote contre le gouvernement, contre l’establishment et contre l’Europe. Ca a été un vote très conservateur : la majorité des Italiens ont décidé de ne pas changer notre Constitution selon les idées de Matteo Renzi. C’est pour cela qu’il a annoncé sa démission, déclarant que tout cela relevait de sa responsabilité.
La majorité des Italiens sont persuadés que les hommes politiques doivent avoir d’autres priorités que de changer la Constitution
RT : Y voyez-vous l'expression d'une large frustration ? Cela semble aller dans le sens de ce qui s’est passé au Royaume-Uni il y a quelques mois avec le Brexit. Beaucoup d’Italiens se disent inquiets quant à l'influence de Bruxelles sur leurs politiques. Peut-on faire des comparaisons ?
A. M. : Je pense que ce vote n’est pas similaire à celui du Brexit : le peuple britannique a voté pour la sortie de l’UE, alors que nous avons voté pour nous libérer de Matteo Renzi. La majorité des Italiens sont persuadés que les hommes politiques doivent avoir d’autres priorités plutôt que le changement de la Constitution. L’économie italienne est en souffrance, presque trois millions de personnes n’ayant pas accès aux soins. C’est là que sont ces priorités.
C’est plus fort que le Brexit, c’est la même chose qu’avec l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, et les raisons en sont peut-être les mêmes
RT : Le monde fait face aujourd'hui à une série de mouvements contre l’establishment. Peut-on dire que le vote de dimanche allait dans le même sens ?
A. M. : Je ne pense pas que les gens aient vraiment peur. Ils ont voté comme les Américains : nous avons eu une pareille campagne électorale vraiment difficile, le pays a été paralysée pendant quatre mois. Tout était centré autour du référendum, et Matteo Renzi l’a perdu. C’est plus fort que le Brexit, c’est la même chose qu’avec l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, et les raisons en sont peut-être les mêmes.
RT : Vous évoquez la frustration des Italiens. Quelles solutions pourraient être imaginées pour apaiser l’existence des citoyens ordinaires ?
Nos hommes politiques s’avèrent incapables de faire leur travail
A. M. : Si j’avais la solution, je serais déjà devenue Premier ministre. Mais ce serait peut-être une bonne option que de se focaliser sur ces problèmes. Le gouvernement a essuyé un fiasco, parce qu’il avait proposé beaucoup de réformes, comme la loi pour l'emploi. Mais elle n’a pas été efficace : 34% de jeunes Italiens sont toujours incapables de trouver un emploi…
RT : Le problème vient-il de Bruxelles ou de la classe politique italienne ?
A. M. : A mon avis,c'est la responsabilité de nos hommes politiques, qui s’avèrent incapables de faire leur travail. La plupart des Italiens viennent de confirmer ce sentiment lors du référendum.
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