L’écrivain et polémiste Eric Zemmour partage son opinion sur la «liste noire» du Kremlin, l’Union européenne, la situation en Ukraine et Daesh.
Vladimir Poutine n’est pas gentil. Vladimir Poutine n’est pas Monsieur Potiron dans «Oui-Oui». Vladimir Poutine est un méchant, car il n’aime pas tout le monde et ne laisse pas entrer qui veut dans son pays. Il ne publie même pas la liste noire – forcément noire des indésirables. Vladimir Poutine n’est pas très transparent. Il ne respecte pas le droit international. «La Russie de Poutine glisse vers un Etat totalitaire», a dit – solennel – un député européen belge.
L’Union européenne, elle, est gentille. Jean-Claude Juncker est gentil, Angela Merkel est gentille, François Hollande est gentil, Barack Obama est gentil. Ils font tous une farandole pour montrer qu’ils aiment tout le monde. Quand l’Union européenne établit une liste de 150 personnalités russes dont plusieurs hauts fonctionnaires, les privent de visas, gèlent leurs avoirs dans les banques occidentales, elle a l’élégance de rendre publique cette liste.
L’Union européenne est très transparente, elle respecte le droit international… Comme Barack Obama lorsqu’il décide de bloquer les comptes bancaires de nombreux proches de Poutine… Comme François Hollande lorsqu’il refuse de livrer les bateaux de guerre Mistral commandés par Poutine à Sarkozy et payés par la Russie.
Tout est beaucoup plus simple quand on sait d’avance qui sont les gentils et les méchants. Le méchant surveille, sanctionne, chasse des ONG étrangères de défense des droits de l’homme. Les gentils financent et instrumentalisent ces ONG pour fomenter des «révolutions oranges» ou des «printemps arabes» avec des gens du cru formés en Amérique aux méthodes modernes d’agitation politique et médiatique.
Le méchant n’est pas beau joueur. Il refuse de se laisser renverser alors qu’il a une majorité du peuple derrière lui. Le méchant corrompt les délégués de la FIFA pour obtenir l’organisation de la Coupe du monde. Tandis que les gentils obtiennent la même chose seulement parce qu’ils sont gentils.
Le méchant est très méchant et les gentils est très gentils.
Le méchant envoie en secret des troupes russes pour soutenir les rebelles ukrainiens. Les gentils ont aidé en secret au renversement du précédent pouvoir ukrainien. Mais cela ne s’appelle pas un coup d’Etat ; une révolution.
Et puis un jour les gentils découvrent effarés qu’il y a un méchant encore plus méchant. On l’appelle Daesh parce que ce n’est pas très gentil de dire qu’il se prétend «califat islamique». Le gentil Obama se rend compte, mais un peu tard, qu’il peut avoir besoin du méchant Poutine, que le méchant Poutine est proche du méchant Iran et du méchant Assad qui sont des ennemis jurés du nouveau grand méchant Daesh.
Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. C’est une vieille règle d’or même chez les gentils.
Alors. Le gentil Hollande qui obéissait sagement à la gentille Merkel et au gentil Obama commence à comprendre que l’affaire islamiste est bien plus dangereuse pour son pays que celle de l’Ukraine. Le gentil Hollande ose même remettre en cause les sanctions contre le méchant Poutine. Mais il le fait discrètement, sans élever la voix, pour ne pas peiner les gentils Merkel et Obama. Parce que le pire pour un gentil serait de se transformer en méchant.
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