Le président actuel de la FIFA a annoncé sa démission en conférence de presse mardi soir. D’après Pierre Rondeau, sociologue du sport, Joseph Blatter en avait l’obligation morale, notamment car les fédérations européennes ne le soutenaient plus.
RT France : Pourquoi, d’après vous, Monsieur Blatter a-t-il décidé de démissionner juste quatre jours après sa réélection au poste du président de la FIFA pour un cinquième mandat ?
Pierre Rondeau : Pour moi, la raison principale, c’est qu’il n’a d’abord pas le soutien de l’Europe, qui a voté contre lui lors de l’assemblée générale de la semaine dernière pour sa réélection. L’Europe, c’est quand même la très grosse majorité du contingent footballistique mondial, et sans son soutien, son poste était illégitime.
A cela se rajoutent toutes les affaires qui sont tombées, notamment l’affaire révélée avant-hier qui a été confirmée hier et aujourd’hui avec l’Afrique du Sud qui aurait versé un pot de vin de dix millions d’euro à la CONCACAF après l’attribution de la Coupe du monde à l’Afrique du Sud, et cette autorisation de transfert de fonds aurait été signée par le bras droit de M. Blatter, le Français Jérôme Valcke qui a validé et transmis le transfert de fonds de dix millions d’euros CONCACAF via l’Afrique du Sud. En gros, l’Afrique avait reçu de la FIFA 100 millions d’euros pour la préparation de la Coupe du Monde 2010 et, de ces 100 millions d’euros, aurait reversé à la CONCACAF, la zone américaine et nord-américaine de football, ce qui prouverait leur présomption de culpabilité, leur corruption. Devant toutes ces accumulations d’affaires et face à la pression de l’Europe, Blatter ne pouvait que démissionner.
Et quand Blatter disait qu’il ne savait rien, qu’il était abasourdi et consterné par ces affaire de corruption, on ne pouvait plus le croire, son propre bras droit avait validé une affaire de corruption. Face à une forte prévention de culpabilité, il avait une obligation morale à démissionner. A cela ont dû s’ajouter des pressions économiques et diplomatiques. Face à toutes ces pressions diplomatiques, juridiques et économiques, Blatter a jeté l’éponge et décidé de démissionner.
Fifa secretary general Jérôme Valcke under pressure over $10m ‘bribe’. By @owen_ghttp://t.co/3YhRWtbzC2 (Pic: AFP) pic.twitter.com/A5TWT844AN
— Guardian sport (@guardian_sport) 2 июня 2015
Ainsi, M. Blatter n’avait pas le soutien de toute la sphère footballistique mondiale, il n’avait pas les deux tiers, et il n’avait pas le soutien de l’Europe, qui est le continent le plus important au football, des Etats-Unis, de l’Australie, du Canada et de la Nouvelle Zélande. Et les Américains ont poussé avec cette pression judiciaire M. Blatter à sortir.
RT France : Quelles seront les conséquences de la démission de Sepp Blatter?
Pierre Rondeau : J’espère que l’affaire va se régler assez rapidement, parce que ça ternit gravement l’image de football. Par conséquent, on aura de nouvelles élections, maintenant qui va se présenter ? Qui va être élu ? Comment cela va s’organiser ? Est-ce qu’on va revoir les candidatures de la Russie en 2018 et du Qatar en 2022 ? Est-ce qu’on va renégocier les contrats ?
Peut-être que les sponsors avaient intégré une clause de moralité dans les contrats et ils pourraient très bien être enclins à les renégocier à la baisse, ce qui ferait perdre à la FIFA des fonds assez importants parce que les sponsors associés à la FIFA par des contrats de sponsoring et de marketing lui versent tous les ans 30 millions dollars. La marque, que ce soit Coca-Cola, Adidas, Continental, peut très bien demander une renégociation de son contrat à la baisse car l’image de l’association a été trop profondément ternie. Les conséquences pourraient être graves pour la FIFA s’ils ne changent pas les choses assez rapidement.
Sepp #Blatter a reconnu sa responsabilité dans le #scandale de #corruption
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