RT : Vous représentez la communauté chrétienne de Syrie qui a dû faire face à de lourdes menaces de la part des extrémistes qui ont inondé le pays. A l'heure actuelle, à quel point la situation est-elle compliquée ?
Agnes Mariam el-Salib (A. S.) : Tout d’abord, je ne suis pas une représentante, je suis simplement un témoin faisant partie de la famille chrétienne de Syrie. Evidemment, la situation est très critique. C’est une tragédie pour les civils et pour tous les habitants de Syrie, car il n’y a pas de sécurité. Et c’est ainsi parce que la communauté internationale continue de financer et de protéger les terroristes qui sont une menace à la sécurité. [Quand] nous nous sommes rendus à Alep pour apporter de l’aide humanitaire aux habitants de la ville, nous avons été ciblés par des snipers à l’entrée d’Alep. Cela signifie que la situation est encore instable. Nous sommes sous la menace des bandes de terroristes. Nous ignorons pourquoi la communauté internationale joue avec les noms : Al-Qaïda change parfois de nom et devient [une organisation] de rebelles modérés. Tout cela représente une menace pour la vie de millions de gens : à Alep-Ouest il y a 1,5 million d’habitants. La plupart d’entre eux viennent de la partie orientale en quête d'un refuge et de sécurité.
RT : Vous avez parlé d’existence de liens entre les factions rebelles et l’ancien front al-Nosra, qu’on appelle maintenant différemment. Ayant cela à l’esprit, à quel genre de situation peut-on s’attendre dans le cas des chrétiens syriens, si l’opposition arrive au pouvoir en Syrie ?
A. S. : Je doute que l’opposition puisse arriver au pouvoir, car tout d’abord ils sont totalement divisés eutre eux, ensuite ils n’ont pas les moyens de s’emparer du pouvoir.
Mais ce qui est très triste à voir, c’est que la majorité des rebelles se sont joints au Front al-Nosra et beaucoup de puissances occidentales et arabes aident cette organisation comme le seul mouvement rebelle suffisamment puissant pour faire face à l’Armée arabe syrienne.
Les rebelles de l’Armée syrienne libre ont de l’estime pour mon activité
RT : Vous menez votre propre campagne humanitaire en Syrie. Pourquoi les médias ne nous apprennent-ils rien sur cette campagne ?
A. S. : Les principaux médias ne se préoccupent pas de ce qui se passe réellement sur le terrain. Ils ne s’intéressent qu’aux choses qui correspondent à leur politique. C’est du lavage de cerveau, ils peuvent orienter l’opinion publique vers ce qu’ils veulent que les gens croient. Dans ces principaux médias, nous sommes diabolisés. Si nous travaillons sur la réconciliation, nous sommes diabolisés, si nous essayons d’aider les gens à entrer dans les zones assiégées, nous sommes aussi diabolisés, même si nous donnons notre vie pour quelqu’un – car nous nous occupons de tout le monde, y compris des rebelles et de leur famille. J’ai été nommée porte-parole du Croissant-Rouge Libre, qui n’est reconnu ni par le Croissant-Rouge, ni même par la Croix-Rouge, mais les rebelles de l’Armée syrienne libre ont de l’estime pour mon activité en ce qui concerne la sécurité, les efforts de réconciliation et l’aide humanitaire. Les principaux médias et ceux qui sont derrière eux, eux n’en ont rien à faire des bonnes actions que nous menons. Ils essayent de décrire toutes nos actions en termes politiques et de la façon qu’ils désirent. Et au bout de tant d’années, c’est [devenu] vraiment scandaleux.
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