Seddique Mateen, le père de l’auteur de la fusillade de la boîte de nuit d’Orlando qui a fait 49 morts, a été vu s’installer lundi 8 août derrière Hillary Clinton lors d’un meeting à Kissimmee (Floride).
Donald Trump, candidat républicain à la présidence, a répondu qu’il s’agissait là d’une politique du deux poids deux mesures, car s’il avait été vu devant le père d’un tel assassin, il aurait été à la «une» de tous journaux du monde.
«Si je comprends bien, elle n’a pas désavoué cet homme. [Mateen] a des opinions assez radicales», a déclaré Donald Trump à Sean Hannity de Fox News.
RT a demandé à Lew Rockwell, président du Ludwig von Mises Institute, et Daniel Patrick Welch, écrivain et analyste politique, si Seddique Mateen aurait dû être invité à meeting et si cette présence va avoir une influence sur la campagne de Clinton.
Les gens, et particulièrement ceux derrière le candidat, sont toujours choisis avec soin
RT : Quelle est votre vision de la situation ?
Lew Rockwell (L. R.): Premièrement, c'est hilarant. Même si la campagne de Clinton assure qu’il s’agissait là d’un meeting en accès libre, personne ne peut s’approcher d’un candidat sans y être autorisé par les services secrets. Les gens, et particulièrement ceux derrière le candidat, sont toujours choisis avec soin (pour «des raisons de diversité»).
Il dit qu’on l’a invité. Bien entendu, on l’a invité. C’était un message de la part de la campagne de Clinton visant à convaincre les migrants de la soutenir. Mais il s’est merveilleusement retourné contre elle. Certains d'entre nous pensent que si le gouvernement américain n’avait pas amené cet homme aux Etats-Unis (et apparemment cela a été fait à cause de ses contact afghans, ses contacts politiques, sa haine du Pakistan etc.), tous les individus tués à Orlando auraient été vivants. L’idée est que cet homme… est une sorte de symbole de la campagne de Clinton. C’est tout ce que vous devez vraiment savoir de la campagne de Clinton.
Les Clintons ont laissé une longue liste de morts sur leur passage
RT : A votre avis, comment cet incident va-t-il influencer la campagne de Clinton ?
L. R. : Personne ne le sait. Si Trump est intelligent, et c’est vraiment le cas, il va en faire tout un plat. Mais ce n'est pas tout. Il s’est avéré aujourd’hui que Julian Assange offrait une prime de 25 000 dollars pour toute information sur la mort d’un membre du comité national démocrate (DNC). Il sous-entend que ce salarié a été à l’origine de la fuite des e-mails du DNC et beaucoup de gens le croient. L’a-t-on tué pour cette raison ? La situation prend un très mauvais tour.
Je sais que les Américains typiques semblent penser que de telles choses ne se passent qu’au Monténégro ou ailleurs. Cela arrive ici aussi. Les Clintons ont laissé une longue liste de morts sur leur passage. Donc, qu’ils promeuvent cet homme, Seddique Mateen, sorte de symbole pour les gens qui peuvent y trouver un intérêt, s’est retourné contre eux. Ma conjecture est que ce n’était pas une décision personnelle d’Hillary Clinton. Même si nous ne le savons pas avec certitude, on ne peut pas exclure cette possibilité parce qu’elle accorde beaucoup d'importance aux détails. Mais quelques responsables l’ont invité, l’ont amené ici, l'ont mis à cette place privilégiée pour qu’il y figure lors de son intervention.
Il me semble que les médias internationaux reproduisent chaque jour les Deux Minutes de la Haine du roman 1984
RT : A votre avis, comment les médias auraient-ils réagi si un tel incident avait eu lieu lors d’un meeting de Trump ?
L. R. : Depuis la campagne de Barry Goldwater, à l'époque, je n’ai jamais vu une telle haine des médias pour un candidat présidentiel. Il me semble que les médias internationaux reproduisent chaque jour les Deux Minutes de la Haine de 1984, le roman de George Orwell. Les médias anglais, par exemple, les médias canadiens, tous les médias des pays de langue anglaise et peut-être tous les médias internationaux aussi, haïssent, haïssent, haïssent Trump ! Ils refusent de couvrir plusieurs menaces de mort contre lui. Facebook a des pages prônant son assassinat. Personne ne s'y oppose – ces suggestions sont ou négligées ou saluées. Mais bien entendu, ce qu’il dit (ou aurait dit selon les médias) est traité comme une bombe atomique. D'autre part, beaucoup de gens pensent qu’une personne qui est autant haïe par les médias, par l'establishment, ne peut pas être tout à fait terrible.
Un manœuvre de diversion pour une journée sans nouvelle.
Selon Daniel Patrick Welch, écrivain et analyste politique, l’invitation de Seddique Mateen au meeting n’est qu’une gaffe des responsables en relations publiques.
«C’est une gaffe – personne ne souhaite une telle publicité », a-t-il expliqué à RT, ajoutant, «qu’on l’ait invité, comme trois millions de ses amis les plus proches, c'est vrai. Ils auraient pu, ou auraient dû, vérifier plus attentivement pour éviter une telle gaffe en relations publiques. En réalité, c’est un paravent pour couvrir l’échec du système politique américain.»
C’est un théâtre politique, une blague, une farce de la campagne
Pour David Welch, cette histoire «est une tempête dans un verre d'eau, ou un manœuvre de diversion pour une journée avec peu de nouvelles, ou pour donner l’impression qu’il existe aux Etats-Unis une réelle et vivante démocratie alors que rien ne pourrait être plus loin de la vérité.»
«C’est un théâtre politique, une blague, une farce de la campagne. Nous n’avons aucun choix – nous avons le choix entre ce consensus néolibéral et néoconservateur et un populiste de droite, l’opportuniste avec ses tendances ouvertement fascistes», précise-t-il.
L’analyste est sûr que cette «gaffe» n’aura «aucun» impact sur la campagne de Clinton.
«Toutes les publications négatives sur Clinton disparaîssent complètement dans les médias de masse. Trump va également faire quelque chose de scandaleux au cours des prochaines 24 heures. Donc, cela va détourner l'attention − je ne crois pas que cette histoire ait du potentiel», conclut-il.