«Fans zones» de l'Euro 2016 : «Il aurait été plus raisonnable de ne pas les prévoir officiellement»

Un attentat à l'Euro de foot en France ? Selon Christophe Caupenne, ancien négociateur de l’unité d’élite du RAID et expert en sécurité, même si toutes les compétitions sportives constituent des cibles, le risque est élevé.

RT France : Pour les Etats-Unis l’Euro est une «une cible potentielle pour les terroristes». Quels sont les risques concrets pendant la compétition de foot ?

Christophe Caupenne : Les compétitions sportives ont toujours été des périodes à risques, car c’est une concentration de personnes sur un même lieu, à un même moment et prévu longtemps à l’avance. Si quelqu’un à l’intention de programmer quelque chose c’est d’autant plus facile d’organiser la logistique en fonction. Le risque est constant - bien sûr il y a une potentialisation qui se fait pendant l’Euro mais toutes les compétitions sportives peuvent être l’occasion d’événements malheureux.

Si quelqu’un à l’intention de programmer quelque chose c’est d’autant plus facile d’organiser la logistique en fonction

Mais globalement, plus il y a des forces de sécurité qui assurent un événement moins il y a de risque qu’il se passe quelque chose. Les terroristes ont le souci de frapper là où c’est potentiellement plus facile pour eux.

RT France : Lors du dernier match au Stade de France, des supporters ont réussit à introduire des fumigènes dans le stade, les autorités sont-elles suffisamment préparées ?

C. C. : Le système est très bon, et les autorités se préparent avec énormément de sérieux et de discipline à ce type d’événement car il y a toujours un risque important. C’est aussi une question d’image pour le pays. Les entrainements et la mise en place des moyens déployés et anticipés sont très importants. Toutes les zones où le public va se concentrer avant de pouvoir pénétrer dans les zones sportives sont des points à risques. Ce sont des points complexes pour contrôler l’ensemble des gens, cela perturbe énormément la fluidité de la circulation et les allées et venues des personnes.

RT France : Comment gérer notamment les «fans zones», certains souhaitent qu'elles soient supprimées, qu’en pensez-vous ?

C. C. : On peut imaginer qu’il aurait été plus simple qu’elles restent des évènements spontanés et locaux. Le fait d’organiser de façon massive ces fans zones oblige à une préparation, une logistique et un encadrement très complexe pour les villes. Il aurait été plus raisonnable de ne pas les prévoir officiellement.

RT France : Le Parlement a prolongé l’Etat d’urgence jusqu’à la fin du tour de France. Cela change-t-il réellement quelque chose ?

C. C. : Oui, car c’est l’occasion de mobiliser un très grand nombre d’unité et de pouvoir procéder à des opérations de contrôles qui, normalement, sont très encadrées au niveau judiciaire. Il y a donc une possibilité d’extensions importante à la disposition des préfets et de l’ensemble des forces de l’ordre. L’Etat d’urgence est facilitateur et c’est une bonne décision.

Très souvent après un événement dramatique, lorsqu’il y a des investigations policières, on apprend après coup que certaines personnes avaient vu des choses mais qu’on n’avait pas jugé utile de faire remonter les informations

Il faudrait une communication de l’Etat sur la nécessité de faire remonter toujours plus efficacement tous les indices que les gens peuvent observer. Car, face au terrorisme, il y a un besoin d’effort national pour se mobiliser, surveiller, être aux aguets et faire remonter les informations. Très souvent après un événement dramatique, lorsqu’il y a des investigations policières, on apprend après coup que certaines personnes avaient vu des choses mais qu’on n’avait pas jugé utile de faire remonter les informations. En période difficile, comme celle que nous vivons, il est important qu’il y ait une mobilisation générale. L’Etat devrait communiquer en demandant aux gens d’être plus efficaces dans les remontées d'information.

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