Alors que le troisième meurtre de journaliste a eu lieu en Turquie lors de ces trois derniers mois, le responsable du bureau Europe de l'Est et Asie centrale de Reporters sans frontières, interrogé par RT, estime la situation «en dégradation».
RT : On constate un nouveau meurtre de journaliste sur le sol turc, qui ne faisait que son travail. Qu’en pensez-vous, la situation des journalistes travaillant en Turquie se dégrade-t-elle ?
Johann Bihr : Oui, absolument. C’est au moins le deuxième meurtre de journaliste syrien sur le sol turc en deux mois seulement. Tout ça pour dire que la situation devient vraiment dangereuse, et nous sommes réellement préoccupés par les effets refroidissants que ce meurtre peut avoir sur les collègues de Naji Jerf ainsi que sur tous les autres journalistes syriens et sur les militants exilés en Turquie.
La situation se dégrade parce que les militants de Daesh arrivent, par un moyen ou un autre, à traverser facilement la frontière dans les deux sens. D'une manière générale, la situation des journalistes se dégrade en Turquie.
RT : Peut-on espérer que la Turquie traque les responsables du meurtre de manière efficace, qui qu’ils soient ?
Johann Bihr : On verra par la suite. On encourage fortement les autorités turques à résoudre ce meurtre le plus rapidement que possible, et de mener une enquête complète et impartiale. Les autorités turques doivent le faire rapidement. Malheureusement, on note que l’impunité est largement répandue en Turquie au sujet des violences faites aux journalistes. Il n’y a pas que des meurtres, les attaques contre des journalistes sont également largement répandues, perpétrées par exemple par des agents de police. Il est rare que ces violences donnent lieu à des enquêtes approfondies.
Ainsi, nous incitons vivement les autorités turques à mener pour une fois une enquête impartiale, et de traquer les auteurs ainsi que les instigateurs de cette exécution.
RT : On a essayé d’inviter chez RT de nombreuses personnes, des militants et des journalistes turcs, mais ils ont refusé parce qu’ils avaient peur pour leur sécurité. Qui selon vous devrait les protéger en Turquie, pour qu’il leur soit enfin possible d’exprimer leur point de vue, ou de tout simplement, faire leur travail de journaliste, de rapporter ce qu’il se passe ? Qui devrait les protéger ?
Johann Bihr : C’est bien évidement la responsabilité fondamentale des autorités turques. Mais pour ce faire, les autorités doivent améliorer l’état de la liberté de presse en Turquie, qui est actuellement dans un état affreux. La Turquie se classe actuellement à la 149ème place sur 180 pays dans notre dernier rapport sur la liberté de presse, trois places au-dessus de la Russie. Cependant, c’est un mauvais classement. Les autorités doivent en faire plus, et protéger la liberté de presse en général, pour permettre à tous les journalistes, quel que soit leur appartenance politique, d’exprimer leur point de vue.
#Turquie : un #journaliste violemment battu par un garde à la #frontière syrienne
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— RT France (@RTenfrancais) 2 Décembre 2015
RT : Pensez-vous vraiment que c’est réalisable compte tenu de la tragédie qui vient de se passer aujourd’hui ?
Johann Bihr : Jusqu’à présent, la tendance est à l’opposé de ce que nous espérons. La tendance de ces dernières années est la détérioration de la liberté de la presse en Turquie. Cependant, notre mission est de pousser les autorités turques à faire non seulement ce qui est inscrit dans leur Constitution, mais également, de respecter les promesses faites à la communauté internationale, y compris dans le cadre de leur candidature à l’adhésion à l’Union Européenne et du respect des valeurs des droits de l’Homme.
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