A quelques heures du réveillon de Noël, les défenseurs des animaux sont parfois accusés de culpabiliser les gourmets. Nous avons donc sollicité la porte-parole de L214, à l'origine d'une vidéo sur la face cachée du foie gras, sur la question.
RT France : Comment Noël et foie gras sont-ils devenus de véritables synonymes, particulièrement en France ?
Brigitte Gothière (BG) : Depuis plus d’une dizaine d’années, on le retrouve à la table de nombreuses familles à cette période, et c’est d’ailleurs à ce moment que la majeure partie de ce produit y est consommée. Si l’on retrouve une production plus réduite dans d’autres pays, le foie gras reste cependant un produit très franco-français, puisque c’est de notre pays que provient 75% de la production mondiale et de la consommation. Cela s’explique notamment par le fait que sa production soit interdite par des lois de protection des animaux dans la plupart des pays du globe.
Lire aussi : Les chefs ont du mal à avaler l'interdiction du foie gras à Sao Paulo
Le gavage des canards fait une nouvelle fois polémique
#FoieGras#Food#Alimentation#Noëlhttps://t.co/SkTNM2uYm5pic.twitter.com/xMSqJpVNgz
— IAA (@IAA_News) 22 Décembre 2015
RT France : Comment les Français, que l’on sait très friands de foie gras, se positionnent-ils par rapport à la problématique du gavage ?
BG : En réalisant un sondage annuel avec la société YouGov en décembre 2015, on a pu observer l’évolution du positionnement par rapport à ce produit. Il y a aujourd’hui 51% des Français qui se prononcent pour l’interdiction du gavage et 62% le considèrent comme une source de souffrance. Un citoyen sur trois (33%) dit refuser d’acheter ce produit pour des raisons éthiques. Il y a donc de plus en plus de personnes qui estiment que ce plaisir gustatif de quelques instants ne vaut pas la souffrance qui l’engendre.
RT France : Vos campagnes anti-gavage ne sont-elles pas contre-productives en culpabilisant le consommateur ?
BG : Notre but n’est ni de culpabiliser les producteurs, ni les consommateurs, mais bien de faire prendre conscience à une société, qui se veut altruiste et bienveillante, qu’il faut prendre en considération les animaux. Nos campagnes consistent donc à être honnêtes avec les gens, et de la sorte, à leur donner les cartes en main pour pouvoir choisir.
Il s’agit simplement de rétablir des réalités cachées dans les publicités dont nous sommes abreuvés. En effet, les producteurs tentent de masquer le processus de production, qui n’est pas vendeur. Le fait de gaver les canards jusqu’à les rendre malades, ce n’est pas vendeur. Le fait de broyer les canetons femelles, ce n’est pas vendeur non plus. Ainsi, le foie gras est vendu comme un produit de luxe alors qu’il est, dans la majorité des cas, produit en batterie. Et chez les rares petits producteurs, l’objectif reste de déclencher une stéatose hépatique afin d’obtenir le plus gros foie possible.
RT France : Quel est le processus qui permet de produire ce met ?
BG : La production nécessite de déclencher une maladie, la stéatose hépatique, chez le canard dans la majorité des cas (environ 37 millions d’animaux chaque année en France), ou parfois chez l’oie (environ 500 000).
Il faut savoir que l’espèce utilisée pour obtenir du foie gras est le canard mulard, un croisement hybride entre deux spécimens complètement différent, qui est à peu près aussi naturel que de croiser un cheval avec un âne. L’avantage du canard mulard est qu’il est particulièrement lourd, sait à peine voler, et son foie, une fois malade, va grossir beaucoup plus rapidement que celui des autres espèces.
Pétion "Stop au broyage des canetons" déjà 30 000 signatures en quelques heures ! A signer ! https://t.co/CVsIVsSMLNpic.twitter.com/mQRipY2UD6
— L214 éthique animaux (@L214) 22 Décembre 2015
L’animal sera donc forcé à ingurgiter, en quelques secondes, une quantité trop importante de nourriture, qui peut aller jusqu’à un kilo en une prise. Chez les canards, cette pratique provoque ainsi un taux de mortalité de 7 à 8 fois supérieur qu’en temps normal. Par ailleurs, la production nécessite aussi de trier puis de broyer les canetons femelles puisque seuls les mâles servent à fabriquer du foie gras et que la reproduction se fait par insémination artificielle.
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.