Après l'intervention militaire américaine en Iran, l’issue actuelle du conflit au Moyen-Orient semble convenir à tous, chacun pouvant prétendre à un succès historique. Mais la situation demeure floue et les objectifs réels restent hors de portée, selon Fiodor Loukianov, rédacteur en chef du journal La Russie dans les affaires mondiales.
![De l’Irak à l’Iran : les vieilles méthodes américaines fonctionnent-elles encore ? [image d’illustration générée par l’intelligence artificielle]](https://mf.b37mrtl.ru/french/images/2025.06/thumbnail/685ab50a87f3ec690175d12c.jpeg)
Trump a annoncé que l’Iran et Israël avaient convenu d’un cessez-le-feu. Six heures leur ont été « accordées » pour « achever leurs bombardements » : d’abord l’Iran cesse le feu, puis Israël. Ensuite vient la paix, mettant fin à douze jours de guerre. Trump a remercié les deux parties pour leur « ténacité, courage et intelligence ». À vrai dire, c’est pour le moins insolite. De la post-ironie.
D’après les propos du vice-président J.D. Vance, l’Iran aurait perdu sa capacité de produire l’arme nucléaire. On peut donc dire que l’objectif principal est atteint.
Si la déclaration de Trump se confirme, nous aurions affaire à un phénomène militaro-politique original, qui mérite d’être analysé. L’intervalle entre la veille d’une guerre mondiale et l’instauration d’une paix active et constructive semble infime.
S’il ne s’agit que de fantaisies ou simplement de souhaits de Trump, alors se pose la question de la santé mentale d’une certaine personne.
Si l’on met de côté le sentiment d’avoir assisté à un mauvais spectacle, alors l’issue était logique.
Israël ne dispose pas de ressources pour mener une guerre longue ; le plan initial visant à renverser rapidement le régime n’a pas fonctionné. Pas plus que celui qui visait à assurer sa propre invulnérabilité.
L’Iran a évité une défaite par KO, mais des doutes subsistent quant à sa propre résistance. À l’intérieur, tout est assez bancal. Des travaux sont à entreprendre.
L’équipe de Trump a très peur de s’enliser ; cela saperait l'ensemble de son socle politique. Tant sur le plan financier que celui idéologique.
Dans l’ensemble, quelle que soit l’évolution de la situation, il paraît irréaliste que les parties puissent atteindre leurs objectifs, alors que les frais sont déjà là – évidents et inévitables. L’issue actuelle convient donc à tout le monde. Aussi parce que chacun a la légitimité à s’attribuer une victoire historique. Ce que chacun fait déjà.
Mais que se passera-t-il ensuite ? C’est une autre question. À en croire Trump, l’affaire serait réglée. Donc, plus besoin de conclure l’accord qu’il jugeait auparavant impératif ? Et comment établir à présent ce qui se passe réellement dans les installations nucléaires iraniennes ?
Quant à la nouvelle configuration politique, elle demeure floue : à première vue, rien n’a changé. Ce spectacle sanglant suffira-t-il à relancer les idées de Trump sur la réorganisation du Moyen-Orient ?
Autrefois, disait-on que la guerre était la poursuite de la politique par d’autres moyens. Aujourd’hui, elle poursuit quoi ? Difficile à dire.
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