Quand la Russie agit avec retenue, l’Occident le perçoit comme un signe de faiblesse et ne fait qu’augmenter la pression, estime le politologue et docteur en histoire Konstantin Blokhov commentant le tir du missile balistique hypersonique de moyenne portée «Orechnik» en réponse à l'utilisation des armes occidentales de longue portée.
RT en français : L’autorisation de frapper en profondeur du territoire russe avec des missiles américains a-t-elle ouvert la boîte de Pandore ?
Konstantin Blokhov : Pour ce qui est de la boîte de Pandore, tout dépend de la réaction russe. Si la réaction de la Russie à ces attaques est dure et sans compromis, cette boîte de Pandore se fermera immédiatement, car l’Occident ne comprend que la force. La psychologie de l’Occident repose sur le principe de la force. Quand la Russie agit de sang-froid, avec retenue ou quand elle appelle aux négociations, l’Occident le perçoit comme un signe de faiblesse et ne fait qu’augmenter la pression.
Par conséquent, si l'Ukraine et ses alliés occidentaux frappent encore le territoire russe en étendant la zone de frappe et le nombre de cibles, il est évident que nous devrons riposter. S’il n’y a pas de riposte, l’Occident comprendra qu’une nouvelle ligne rouge est franchie. Donc, tout dépend du désir et de la capacité russe à poursuivre l’escalade. Il est possible de désescalader la situation, mais seulement en poursuivant l’escalade. Malheureusement, c’est le seul moyen.
RT en français : Après la déclaration de Vladimir Poutine dans la soirée du 21 novembre, comment, à votre avis, la situation pourrait-elle évoluer ?
K. B. : Je pense que l’Occident va demeurer dans l’expectative, essayera de régler ses actions sur celles de ses alliés. Premièrement, ils vont surveiller les mesures que la Russie prendra. Deuxièmement, bien sûr, tout le monde va attendre l’arrivée de Trump, mais aussi les mesures concrètes et réelles qu’il prendra, pas les spéculations sur les candidats qu’il va désigner. On ne juge pas les hommes politiques sur leurs propos, mais sur leurs actes. Il est donc évident que ce sont ces deux facteurs qui vont compter : l’arrivée de Trump et les actions russes concrètes.
RT en français : Trump, une fois au cabinet Ovale fin janvier, pourrait-il annuler des décisions de Biden concernant l'Ukraine ?
K. B. : Seul l’avenir nous dira comment Trump agira. Mais il est évident qu’il ne pourra pas agir seul, car tout dépendra de la volonté du Congrès de le soutenir. Même avec une majorité républicaine, de nombreuses décisions de Trump devront recevoir l’aval du Congrès. De même que les candidatures à un poste dans l’administration qui sont également convenues par le Congrès. Trump ne sera donc pas seul à définir la politique étrangère et de défense, mais, malheureusement, il y aura d’autres personnes. Beaucoup dépendra de la position du Congrès.
Cependant, à en juger par les événements, par les candidatures qu’il propose, beaucoup de candidats sont des faucons. Au poste de secrétaire d’État, il envisage la candidature de Marco Rubio. Comme chef du Pentagone, il propose de nommer non seulement cet ancien présentateur de télévision, mais aussi Tom Cotton. Il est donc évident qu’il ne sera pas facile d’avoir affaire à Trump.
De plus, c’est Trump qui s’était retiré du traité sur les missiles à moyenne et courte portée. La réponse russe, telle qu’elle a été énoncée hier par le président, est justement une réponse aux initiatives de Trump.
Par ailleurs, bien sûr, il faut envisager les actions de Biden et celles de Trump de manière globale. Une chose est sûre, il ne sera certainement pas facile d’avoir affaire à Trump.
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