RT en français : La publication de la nouvelle doctrine nucléaire russe pourrait-elle faire changer le comportement des pays occidentaux dans le conflit ukrainien ?
Pascal Mas : Les pays occidentaux ne sont pas un bloc concret. Il y a les États-Unis et le Canada d’un côté, et puis de l'autre côté il y a l’Europe. Les intérêts des uns et des autres ne sont absolument pas les mêmes. Sauf que, jusqu’à présent, les deux blocs, ont fonctionné ensemble. Avec l'élection de Donald Trump aux États-Unis, les priorités des États-Unis et de l’Union européenne ne s'alignent plus. On voit d’ailleurs au sein de l’Europe que certains pays, comme la Hongrie, l’Italie, même l’Allemagne aujourd’hui, souhaitent changer de doctrine vis-à-vis du soutien au gouvernement ukrainien.
En considérant les changements qui vont s’effectuer au mois de janvier avec la prise de poste par le président Trump qui n'a pas l'intention de continuer à dépenser de l’argent dans cette guerre qui ne leur apporte rien, au niveau européen, ça commence à se craqueler. Même au sein de l’OTAN.
La France n’est pas encore concernée, bien qu’il y ait des discussions dans les cabinets, notamment au niveau militaire, sur le fait que cette affaire ukrainienne coûte très cher et qu’elle ne sert à rien en vérité.
Il est donc tout à fait probable qu’il y ait un changement. La déclaration du président Poutine est très claire : si jamais il y a une agression, contre le territoire russe il y aura une riposte. C’est écrit et c’est déclaré depuis très longtemps. Donc personne ne doit faire semblant qu'il n’a pas compris.
RT en français : Le ministère russe de la Défense a déclaré que la région de Briansk avait été attaquée par des missiles ATACMS de fabrication américaine dans la nuit du 18 au 19 novembre. Pensez-vous qu'il faut s'attendre à une nouvelle escalade du conflit en Ukraine ?
P. M. : C’est très imprudent de la part du gouvernement ukrainien d’attaquer avec ce genre d’armes. Si les Ukrainiens continuent ce genre de provocations, dans cette course au désespoir, et d’attaquer le territoire russe, il ne faudra pas qu’ils se plaignent après.
Je pense qu'il s'agit d'une provocation de dernière minute pour les quelques jours qui restent à l’administration Biden à gouverner les États-Unis afin d'essayer de peser sur les négociations qui auront lieu à partir du mois de janvier. Je crois que le gouvernement de Kiev est en train de jouer ses dernières cartes pour pouvoir donner l’impression qu’il est en mesure de négocier quoi que ce soit. Une manœuvre sordide, malheureuse, de pression pour des négociations à venir.
Mais la doctrine russe ayant été publiquement annoncée à l’ensemble du monde, il n’est pas du tout évident que quiconque se mette derrière le gouvernement corrompu de Kiev.