Ce 17 novembre, The Sunday Times a publié un article citant un conseiller de Volodymyr Zelensky, Mykhaïlo Podoliak, sur certains détails du nouveau plan qu'entend présenter le dirigeant ukrainien.
Selon l'hebdomadaire britannique, cet énième plan du président ukrainien intervient sur fond «d'humeur désespérée dans la capitale provoquée par la réélection de Trump», entendant «rassurer les citoyens sur le fait qu'il peut sauver leur pays, étant donné la perspective que les États-Unis coupent l'aide».
«Il ne s'agit pas d'un plan de victoire présenté à un partenaire extérieur, mais d'un plan présenté à notre société – il s'agit de mobiliser notre économie et notre opinion publique», a déclaré le conseiller au Sunday Times. «Toutes les problématiques les plus douloureuses liées à la durabilité du pays sont en cours de résolution», a-t-il encore affirmé, évoquant la priorisation des investissements dans l'industrie, le fonctionnement du secteur énergétique et la communication sur la mobilisation.
Une défense anti-aérienne et des abris pour «chaque village»
The Sunday Times rapporte ainsi que Kiev entend augmenter sa production d'armes afin de «réduire sa dépendance [...] à long terme» vis à vis des armes occidentales et «veut» que «chaque village» dispose de défenses antimissiles et d'abris sûrs.
D'autres aspects du plan concernent le «patrimoine culturel» de l'Ukraine. «Kiev tente de faire appel à l’importante diaspora de réfugiés ukrainiens dans l’espoir que beaucoup reviendront», précise le journal dominical.
Celui-ci évoque également un document, soumis au gouvernement, dans lequel l'accent est mis sur la préservation des ressources naturelles du pays. Ressources «que Zelensky propose d’ouvrir aux entreprises américaines».
Cet accès privilégié aux ressources naturelles ukrainiennes pour les Occidentaux figurait parmi des propositions présentées à Donald Trump lors de la visite de Volodymyr Zelensky à New York en septembre dernier, révélait le 12 novembre le Financial Times. Des propositions, d'ordre économique et financier, visant à amadouer le potentiel remplaçant de Joe Biden à la Maison Blanche.
Sur le point des ressources, qui seraient ainsi en premier lieu destinées aux industriels occidentaux, Mykhaïlo Podolyak présente la théorie de Kiev : «Permettre à la Russie de prendre du territoire à l’Ukraine encouragerait le Kremlin et ses alliés à s’emparer des ressources naturelles d’autres pays, ce qui entraînerait des conflits ailleurs.»
Dans une vidéo diffusée le 14 novembre sur les réseaux sociaux, Volodymyr Zelensky a déclaré que son plan contiendrait «dix points» et qu'il serait présenté la «semaine prochaine».
Zelensky se dit confiant quant au maintien de l'aide états-unienne
Avant ce «plan de résilience», le président Zelensky avait présenté mi-octobre son «plan de victoire» sur la Russie à la Rada ainsi qu'à Bruxelles. Un plan qui comprenait, quant à lui, cinq points, dont le renforcement irréversible de la défense ukrainienne, l'invitation «inconditionnelle» à rejoindre l'OTAN et la fourniture par ses alliés occidentaux de missiles en guise de «dissuasion non nucléaire».
Mykhaïlo Polodiak, lui, se montre confiant quant à la politique que pourrait adopter Donald Trump après son investiture. The Sunday Times évoque ainsi une interview accordée à la chaîne publique ukrainienne Suspilne, au cours de laquelle Volodymyr Zelensky a déclaré : «Sans aucun doute, la guerre se terminera plus rapidement avec la politique de l'équipe qui dirigera désormais la Maison Blanche. C'est leur approche, leur promesse à leurs citoyens.»
Une position qui tranche nettement avec la posture adoptée par le président ukrainien dans la foulée de la victoire électorale de Donald Trump, lequel s'était inquiété d'une éventuelle réduction du soutien militaire de Washington.
Zelensky-Trump : une relation partie d'un mauvais pied
Avant même cette victoire, la campagne électorale américaine avait été le théâtre d'une passe d'armes entre les républicains et les autorités ukrainiennes, Volodymyr Zelensky en tête.
Dans une interview au New Yorker, paru fin septembre, ce dernier avait déclaré avoir «le sentiment que Trump ne sait pas vraiment comment arrêter la guerre, même s'il pense que c'est le cas», en réponse aux affirmations de l'ex-futur président américain quant au fait qu'il mettrait fin au conflit «en un jour». Il avait également qualifié le candidat vice-président James David Vance de «trop radical» en raison de sa position sur l'Ukraine, lui suggérant d’étudier «l’histoire de la Seconde Guerre mondiale».
Des déclarations suite auxquelles l’équipe de campagne du candidat républicain avait laissé entendre, auprès de médias, qu'une rencontre entre Trump et Zelensky pourrait ne pas avoir lieu.
Par ailleurs, accusée d'«ingérence» dans la campagne électorale, suite à l'organisation d'une visite de Volodymyr Zelensky dans une usine d'armement d'un État pivot (la Pennsylvanie) et à laquelle n'avaient assisté que des responsables démocrates, le président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, avait exigé dans un courrier directement adressé au président ukrainien qu'il limoge son ambassadrice à Washington.