L’OTAN aux portes de la Russie (VIDEO)

L’OTAN aux portes de la Russie (VIDEO) Source: RIA NOVOSTI
Munich : des Allemands manifestent contre la politique agressive de l'OTAN à l’égard de la Russie.
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Alors que les Etats-Unis travaillent plus que jamais à isoler la Russie, l’expert en géopolitique Anatole Gallien pense qu'il est, peut-être, le moment pour que l'Europe soit plus indépendante de son «grand frère» d’outre-Atlantique.

Signe des temps, la  a fait savoir qu’elle se retirait complètement du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe, arguant de la rupture de l’équilibre des forces due à l’expansion de l’OTAN et à la mauvaise volonté de ses interlocuteurs occidentaux.

Illustrant les craintes affichées de la Russie au sujet de l’expansion de  jusqu’à ses frontières, huit bâtiments de guerre américain, canadien, italien, roumain, allemand et turcs ont récemment effectué un exercice conjoint en mer noire. Des manœuvres que le ministère russe des affaires étrangères a qualifié de provocation.

En ce moment, 3 000 militaires américains, soit l’équivalent d’une brigade, sont en cours de déploiement sur le territoire des pays baltes, limitrophes de la Russie, en vue des exercices Atlantic resolve [détermination atlantique] qui se dérouleront essentiellement aux mois de mai et juin. Selon certaines sources militaires américaines, si le personnel engagé est censé regagner ses quartiers à l’issue de ces manœuvres, un certain nombre de chars de combat Abrams, de véhicules blindés Bradley et d’hélicoptères devraient être laissés sur place.

Depuis le 1er mai, le nombre d'avions déployés en Lituanie dans le cadre de la mission de l’OTAN Baltic Air Policing qui a pour mission de protéger l'espace aérien des pays baltes, ne possédant pas de forces aériennes, a doublé pour atteindre huit appareils.

Selon le secrétaire général de l’OTAN, l’Alliance compte augmenter significativement sa présence en Europe orientale. Seraient prévues dans le futur la projection d’une force de réaction rapide et l’installation de centres de commandement et de contrôle dans au moins six pays de la région : l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie.

Mais de quoi l’Occident a-t-il peur ? La Russie ne fait pourtant plus planer sur l’Europe la menace de la submerger d’un raz-de-marée de milliers de chars d’assaut comme on pouvait le craindre au plus fort de la guerre froide. En effet, que reste-il de la menace soviétique à l’origine du principe de défense collective de l’OTAN il y a près de 70 ans ? Le communisme conquérant n’est plus de mise en Russie depuis une vingtaine d’années, le pacte de Varsovie n’existe plus et le budget militaire de la Russie est environ cinq fois moindre que celui des Etats-Unis et dix fois inférieur à celui cumulé de tous les membres de l’Alliance atlantique. Alors que l’affaire des missiles soviétiques à Cuba n’est aujourd’hui plus qu’une péripétie d’un passé révolu, les forces militaires américaines sont toujours bien présentes en Europe, s’installant aujourd’hui en nombre dans les pays baltes, parfois à quelques mètres de la frontière russe. En outre, les armées occidentales ont semé la mort en Serbie en 1998-1999, en Irak depuis 2003, en Lybie en 2011. A cette aune, la politique étrangère de  apparaît singulièrement pacifique et pondérée.

On constate que les Etats-Unis travaillent plus que jamais à l’endiguement de la Russie. Dans ce cadre, l’OTAN est un formidable outil entre les mains américaines afin de maintenir l’Europe dans un sentiment de dépendance vis-à-vis de Washington. Les élites européennes se montrent en effet incapables de concevoir la sécurité et la prospérité du vieux continent en-dehors du giron du «grand frère» d’outre-Atlantique. Que l’on songe, par exemple, au scandale des révélations des écoutes effectuées sur le territoire européen allant jusqu’au téléphone de la chancelière allemande par les services d’espionnage américains : la réaction fut d’une mollesse déconcertante. Que l’on songe également au tant décrié traité transatlantique. Ou encore à la décision de la France, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, de revenir dans le commandement intégré de l’OTAN qu’elle avait quitté en 1966. Cette organisation politico-militaire reste en 2015 la pierre angulaire incontestée du système de défense d’une grande majorité d’Etats européens.

Par ce pouvoir d’attraction qu’ils exercent sur les décideurs européens, avec une propagande antirusse bien huilée, avec une politique de sanctions à l’encontre de Moscou – qu’ils ne s’imposent d’ailleurs pas aussi sévèrement à eux-mêmes – et en entretenant savamment des liens de dépendance,  parvient à diviser l’Europe et à empêcher tout rapprochement russo-européen sérieux susceptible de compromettre ses positions hégémoniques.

Et pourtant, de quelle menace les nations européennes ne sont-elles pas capables de se prémunir avec leurs propres forces, sans le parapluie américain ? Avons-nous réellement besoin de 67 000 militaires américains stationnés sur notre continent pour nous protéger des hypothétiques dangers émanant, par exemple, du califat islamique, de l’Iran ou encore des vagues d’immigrés clandestins dont nous menacent les islamistes libyens ? N’avons-nous pas les moyens d’élaborer et de mettre en place une architecture de sécurité et notre propre bouclier antimissile sans nous en remettre à une puissance étrangère dont un océan nous sépare ?

En 1966 – il y a 49 ans ! –, Charles de Gaulle expliquait sa décision de retirer la France du commandement intégré de l’OTAN en ces termes : «En raison de l'évolution intérieure et extérieure des pays de l'Est, le monde occidental n'est plus aujourd'hui menacé comme il l'était à l'époque où le protectorat américain fut organisé en Europe sous le couvert de l'OTAN […] Des conflits où l'Amérique s'engage dans d'autres parties du monde, comme avant-hier en Corée, hier à Cuba, aujourd'hui au Viêt Nam, risquent de prendre, en vertu de la fameuse escalade, une extension telle qu'il pourrait en sortir une conflagration générale. Dans ce cas, l'Europe, dont la stratégie est, dans l'OTAN, celle de l'Amérique, serait automatiquement impliquée dans la lutte lors même qu'elle ne l'aurait pas voulu. […] Au surplus, notre pays, devenant de son côté et par ses propres moyens une puissance atomique, est amené à assumer lui-même les responsabilités politiques et stratégiques très étendues que comporte cette capacité et que leur nature et leurs dimensions rendent évidemment inaliénables. […] Il s'agit de rétablir une situation normale de souveraineté, dans laquelle ce qui est français, en fait de sol, de ciel, de mer et de forces, et tout élément étranger qui se trouverait en France, ne relèveront plus que des seules autorités françaises. C'est dire qu'il s'agit là, non point du tout d'une rupture, mais d'une nécessaire adaptation».

Il n’y a pas de fatalité. L’Europe a son destin entre ses mains.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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