Selon Rachid Nekkaz, président du parti algérien «Mouvement pour la jeunesse et le changement», l’ONU a commis une erreur en accordant la présidence au Royaume qui bombarde chaque jour le Yémen, un pays arabe, un pays-frère.
RT France : Que pensez-vous de la nomination de l’Arabie saoudite à la tête du panel du Conseil des droits de l’Homme à l’ONU ?
Rachid Nekkaz (R. N.) : Je crois que dans le contexte actuel c’est une erreur de nommer l’Arabie saoudite à la tête de cette commission puisque le pays ne représente pas ces derniers temps le symbole du respect des droits de l’Homme. Je tiens quand même à féliciter le Royaume de faire l’effort d’offrir aux femmes saoudiennes la possibilité de voter aux élections locales ainsi que d’être élues à cette élection. C’est un effort qu’il faut saluer mais je ne pense pas que ce soit suffisant pour justifier la décision de la direction de l’ONU d’accorder la présidence de la Commission des droits de l’homme à l’Arabie saoudite. Nous avons déjà connu un cas précédent par rapport à cette Commission des droits de l’Homme, en 2003 lorsque la Libye a été élue à la tête de ce Conseil à l’époque.
L’Arabie saoudite prend la direction du panel du Conseil des droits de l’Hommes de l’#ONU
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— RT France (@RTenfrancais) 20 Septembre 2015
RT France : Et quelles sont les raisons de l’ONU pour cette nomination ?
R. N. : C’est qu’il y a un problème dans l’organisation de cette Commission, elle est organisée en fonction de zones géographiques et normalement cette année la présidence de cette Commission devait revenir à un pays asiatique. Evidemment, ce n’était pas difficile pour l’Arabie saoudite de convaincre d’autres pays asiatiques en vue de se faire élire à cette position. C’est là où on voit les limites entre la diplomatie et le respect des droits de l’Homme. Et je pense qu’il faut une réflexion approfondie pour éviter qu’à l’avenir ce genre d’erreur diplomatique puisse se reproduire. Mais il faut encourager la société civile saoudienne et notamment les partis politiques qui souhaitent plus de respect des droits de l’Homme et plus d’intégration de la femme saoudienne aux jeux politiques et à la vie politique saoudienne.
Ainsi, cette histoire des droits de l’Homme me rappelle aussi le fait qu’on a accordé le Prix Nobel de la paix au président Obama alors qu’il venait juste d’être élu. Parfois il y a des petites erreurs diplomatiques qu’il faut corriger dans le calme.
#ArabieSaoudite aux droits de l'Homme à l'ONU: "C'est comme tuer plusieurs fois les victimes" http://t.co/oIjuwu5N2zpic.twitter.com/ADFoEIhvSE
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RT France : Est-ce que cette nomination va influencer la crédibilité de cette Institution de l’ONU ?
R. N. : Cela fait un certain temps que l’ONU a autorisé les Etats-Unis à bombarder l’Irak, après quoi la crédibilité de l’ONU et la Commission des droits de l’Homme a été très affaiblie. Je crois aussi que le contexte est vraiment délicat si on prend en considération le fait que l’Arabie saoudite est à la tête d’une coalition qui bombarde chaque jour le Yémen sans l’aval des Nations unies. Et ça, c’est scandaleux, d’attribuer cette présidence au Royaume qui bombarde un pays-frère, un pays musulman. Je trouve que cette nomination est une erreur diplomatique monumentale, inacceptable.