Katia Pecnik reçoit Jean-Jacques Kourliandsky, directeur de l’Observatoire Amérique latine. À l’occasion de la diffusion du doc «USA : Le mur de la discorde», il revient sur les questions soulevées par le projet de mur de Donald Trump.
Jean-Jaques Kourliandsky met en lumière les différences entre le discours politique de Donald Trump et les réalités géopolitiques entourant la question du mur : d’une part, «c’est l’élément essentiel de la campagne électorale de Trump» mais d’autre part, «le nouveau président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, a accepté de bloquer les mouvements migratoires en échange de quoi il a obtenu plusieurs millions de dollars des États-Unis». En effet, ces sommes doivent permettre de créer de l’emploi et d’améliorer l’économie du Mexique mais aussi du Salvador, du Honduras ou du Guatemala, pays dont proviennent aujourd’hui la majorité des migrants.
Le directeur de l’Observatoire Amérique latine revient également sur le discours du Président Trump visant à «diaboliser les phénomènes migratoires et les questions de délinquance et de trafics de drogue». Pour Jean-Jacques Kourliandsky , la réalité est autre : «certains statisticiens ont démontré que les migrants commettaient, proportionnellement, moins de crimes que les nationaux américains». Selon ce spécialiste de l’Amérique latine, «il est certain que la majorité des migrants mexicains ou centraméricains qui sont aux États-Unis ne sont pas là pour faire du trafic de drogue mais pour travailler».
Enfin, Jean-Jacques Kourliandsky met en évidence le phénomène peu connu de «double peine», qui se pratique également en Europe : «un certain nombre de jeunes déliquants, après avoir purgé leur peine, sont envoyés dans le pays d’origine de leur parents qu’en général, ils ne connaissent pas». Cela provoque ainsi une accentuation, non seulement de la criminalité en Amérique centrale, mais également des courants migratoires.