À l’occasion de la diffusion du documentaire « Hooligans : bêtes de foot », Gregory Petitjean reçoit Dominique Bodin, professeur de sociologie à l’Université Paris Est Créteil et spécialiste des relations entre sport et violence.
Dominique Bodin, auteur de Sport et violence. Repenser Nobert Elias (Ed. Hermann, 2018), revient sur l’avènement du phénomène qu’il situe en 1969 « lorsqu’on a mis en place la ségrégation des supporters avec des grillages. Cette ségrégation, nous dit-il, a créé des territoires auxquels certains groupes se sont identifiés : on a alors vu la naissance du supporterisme et du hooliganisme ».
«Le hooliganisme touche l’ensemble de l’Europe. Les pays de l’Est, comme l’Allemagne ou la Suède » où une partie du documentaire a été tournée, connaissent plus ce genre de violences. Cependant, « il n’existe pas un pays où il n’y a pas de hooliganisme, comme il n’existe pas un match de foot sans qu’il y ait de violence », nous explique le sociologue.
Pour Dominique Bodin, «le supporter fixe son curseur de violence. Il vient pour le match et ne refuse pas la violence, tandis que le hooligan vient pour les deux, voire seulement pour la violence ». Cette animosité est telle qu’elle ne concerne pas seulement les oppositions entre supporters de différentes équipes mais également celles entre les supporters d’une même équipe. Dominique Bodin nous revient sur le conflit entre le Kop de Boulogne et le Virage Auteuil, deux clubs de supporters du PSG.
Il expose également les difficultés des autorités à gérer ces violences. La sécurisation des stades, à l’image de ce qu’a fait la Russie lors de la dernière coupe du monde, n’empêche pas les combats : « Vladimir Poutine avait promis des matchs de football sans violence et il y est arrivé mais les violences ont eu lieu, seulement loin des stades et des regards des journalistes », commente le sociologue.