Dans La Grande Interview, Jean-Marc Sylvestre reçoit André Comte-Sponville, philosophe et auteur de «Contre la peur» (Éditions Albin Michel, 2019)
Le philosophe André Comte-Sponville estime que l’humanité n’est «ni plus ni moins morale qu’il y a 50 ans ou 200 ans. Elle est cependant beaucoup moins immorale qu’elle ne l’était au Moyen-Age ou à l’Antiquité ; les plus pauvres n’ont jamais été aussi bien protégé en Europe, l’homophobie et le racisme sont mieux combattus».
Mais selon lui, «nous posons le plus souvent en terme moraux des questions qui ne sont pas morales comme la politique et l’économie».
Selon André Comte-Sponville, les Gilets jaunes sont «une révolte des classes moyennes, où tous les problèmes sont transformés en questions morales». Il poursuit son raisonnement en expliquant que «le populisme a la prétention de parler au nom du peuple et tend à opposer chez la droite le peuple aux étrangers, et chez la gauche le peuple aux élites».
André Comte-Sponville illustre ces tendances par la définition des passions chez Spinoza ; «la haine, la colère et l’envie». Il estime que la morale n’est «ni de droite, ni de gauche» et qu’elle sert à se juger soi-même».
Concernant la démocratie directe, André Comte-Sponville relativise l’idéal de la Grèce Antique, qui ne concernait qu’une petite portion de la population. Pour lui «l’urgence est plutôt de réhabiliter la démocratie représentative, qui a été inventée pour éviter la guerre civile, et son efficacité, c’est-à-dire le débat et le suffrage universel». Il ajoute aussi que «la démocratie est une façon non-violente de gérer les conflits, et le désaccord en fait partie».