Dans La Grande Interview, Jean-Marc Sylvestre reçoit Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, et auteur de «Sauver l’Europe» (Ed. Liana Levi, 2019) et de « Comptes à rebours » (Ed. Fayard, 2018).
Selon Hubert Védrine, «la crise écologique, très influencée par la démographie mondiale, est plus grave que tout le reste ; elle ne met pas en danger la planète, mais la vie sur la planète». Cette crise est assez importante pour «englober même la géopolitique» selon l’ancien ministre. Il prédit ainsi que, dans un avenir proche, l’expression «Etat-voyou», utilisée par G. W. Bush pour les ‘ennemis’ de l’idéologie américaine, désignera un pays «qui ne respecte pas les règles du jeu en matière d’écologie».
A propos de l’Union Européenne, l’ancien ministre estime qu’il y a, déjà depuis le traité de Maastricht en 1992, un «bug» qui se traduit par «un décrochage des peuples qui quittent l’Europe en cours de route». Pour Hubert Védrine, «L’Europe n’a pas été conçue pour faire face à ces mutations et ces grandes crises planétaires». Il explique que le projet européen est d’abord une construction économique, qui a été fondée sur une paix déjà établie par les américains et les soviétiques en 1945. «Dans son ADN, il n’y a pas l’idée de devenir une puissance fédérale» ajoute l’ancien ministre. Il appelle ainsi l’Europe «à sortir de sa bulle et à muter» et félicite Emmanuel Macron «lorsqu’il parle de souveraineté et de solidarité européenne».
Hubert Védrine revient également sur des enjeux géopolitiques mondiaux en parlant d’un «clash des civilisations», citant par exemple «le bras de fer entre la Chine et les Etats-Unis» ou les conflits du Moyen-Orient. Sur la Russie, il considère qu’elle «est traitée avec négligence par l’Occident et qu’il est absurde de penser que les torts se situent seulement de son côté puisqu’elle a tendu la main maintes fois à l’Europe, sans réponse positive de la part de cette dernière». Pour Hubert Védrine, «il est nécessaire que les deux parties entament une discussion».