Dans la Grande Interview, Magali Forestier reçoit Jean-Yves Ollivier, homme d’affaire et médiateur de conflit, auteur de «Ni vu ni connu» (Fayard, 2018).
Jean-Yves Ollivier, créateur et Président de la Fondation Brazzaville, raconte comment il est devenu «négociateur spécialisé dans la résolution des conflits». Il explique que, dans ses affaires, il a eu à voyager, «notamment en Afrique, continent où l’action d’un homme peut avoir une résultante dans le futur de chaque pays». Il est ainsi intervenu en Afrique du Sud : «j’ai voulu recréer cette capacité de dialogue entre les parties et j’y suis arrivé», il se réjouit «d’avoir aidé à mettre un terme» à l’apartheid.
L’auteur de «Ni vu ni connu» explique sa manière de procéder en matière de «diplomatie parallèle». «Ce qui définit la diplomatie parallèle, nous dit-il, c’est la parole et, ce qui garantit sa réussite, c’est la capacité de confiance que l’on a en vous, ce que les anglais appellent le trust».
Jean-Yves Ollivier s’exprime sur différents dossiers africains comme la situation en Centrafrique ou la lutte contre le terrorisme au Sahel par l’opération Barkhane et le G5 Sahel. À propos de la Libye, il explique s’y être intéressé «bien avant que la France ait décidé de prendre en main l’affaire». Sa connaissance du pays l’amène à dire «qu’il y a un souhait chez les libyens d’essayer de sortir des influences extérieures» et pour cela, «il faut un dialogue intérieur». Il ajoute «qu’on ne peut pas rester dans un camp ou dans un autre parce que la victoire de l’un va être la destruction de l’autre ; et la paix ne se fait pas sur la destruction». Concernant la République Démocratique du Congo, il nous fait également part de son inquiétude après l’élection de Felix Tshisekedi, opposant à l’ancien président Joseph Kabila, à la présidence du pays : «c’est une cohabitation qui va s’installer puisque le premier ministre doit être désigné par une assemblée qui appartient en majorité au clan de Kabila».
Enfin, le président de la Fondation Brazzaville réagit à l’initiative d’Emmanuel Macron d’offrir à l’Afrique un 1 milliard d’euros pour le développement. Pour lui, «on donne pour la santé et l’éducation et on a ignoré les infrastructures comme les routes, les aéroports ou l’énergie». Il conclut «qu’aujourd’hui, ce développement en petit morceaux, qui se veut plus humanitaire que constructif économique, ce n’est pas de l’aide au développement mais de l’aide à la stagnation».