Dans la Grande Interview, Katia Pecnik reçoit Laurent Cassiau-Haurie, commandant de police et auteur de l’ouvrage «La police m’a tué…» (2018, éd. Encre Rouge) dans lequel il dénonce les dysfonctionnements de la police.
En publiant ce livre, Laurent Cassiau-Haurie a conscience d’enfreindre son devoir de réserve, qui impose le silence aux fonctionnaires de police. Mais, selon lui, «c’était le seul moyen de dénoncer, en tant que commandant de police, les dysfonctionnements» qu’il a rencontré pendant sa carrière. Rompre ce silence était pour lui «un devoir».
Laurent Cassiau-Haurie dénonce deux dérives : «une police qui ne fait plus que du procédural répétitif» et «des politiques pénales incohérentes». Pour lui les forces de l’ordre «n’ont plus les moyens d’intervenir. On fait prendre des risques à la police qui ne sont pas en rapport avec la justice qui peut être rendue».
Laurent Cassiau-Haurie nous livre également son analyse sur les dérives violentes qui ont émaillé les manifestations des gilets jaunes. Fort de son expérience, il estime qu’il est «évident qu’on ne peut pas faire autant de maintien de l’ordre avec autant de monde sans faire de dérapages. On est un peu les empêcheurs de liberté et eux ont l’impression d’être attaqués. C’est le phénomène d’engrenage». Cela étant, il considère que «le lien entre police et citoyen n’est pas rompu, mais seulement mis à mal».
Le commandant, Laurent Cassiau-Haurie, estime que pour régler les dysfonctionnements de la police, «il faut qu’il y ait une véritable direction des ressources humaines, qu’on retrouve le sens des valeurs et le sens de notre métier, et qu’on prenne en considération le problème des banlieues», avant d’ajouter que «la police doit faire de la police».