Dans la Grande Interview, Magali Forestier reçoit la journaliste et écrivaine Noémie Halioua et l’imam de Drancy Hassen Chalghoumi, pour débattre du phénomène du «nouvel antisémitisme en France».
Témoin attentif de cette montée de l’antisémitisme, Noémie Halioua est l’auteure de L’Affaire Sarah Halimi (Cerf, 2018). Elle a également participé à l’ouvrage collectif Le nouvel antisémitisme en France (Albin Michel, 2018). Pour elle, «il ne doit pas y avoir de corrélation entre le conflit israélo-Palestinien et l’antisémitisme en France. Les juifs de France n’ont pas à répondre à la politique du gouvernement de Benyamin Netanyahou».
De son côté, l’imam de Drancy Hassen Chalghoumi, président de la conférence des imams de France, estime que l’antisémitisme et la radicalisation naissent «chez les jeunes du fait d’une crise identitaire et une méconnaissance de la religion, qui est l’ennemi numéro 1. L’ennemi numéro 2 est l’inefficacité des politiques face à ce contexte».
Journaliste et responsable des pages culture à l’hebdomadaire Actualité Juive, Noémie Halioua exprime son regret qu’il n’y ait pas un islam de France. Pour elle, l’explication réside «dans la loi de 1905». Cela «permet à d’autres pays d’ingérer des mosquées, des lieux communautaires et d’autres lieux de cultes. L’état n’a pas la possibilité de le faire donc c‘est des puissances étrangères qui s’en occupe. Ce qui est inquiétant c’est que c'est la jeunesse qui est touchée en premier».
A son tour, Hassen Chalghoumi espère qu’«un dialogue sincère et pacifique entre les communautés juives et musulmanes puisse avoir lieu, même si la croissance de l’islam politique est un poison». Enfin, l’imam Chalghoumi appelle à «une plus grande fermeté de la part des acteurs politiques».