Dans le cadre de la Grande Interview, Katia Pecnik reçoit Rafael Heiber, le directeur du think tank Common Action Forum, qui vient évoquer l’assassinat de l’activiste brésilienne Marielle Franco le 20 mars.
Le 20 mars, c’est la consternation au Brésil. La conseillère municipale de Rio de Janeiro Marielle Franco est assassinée par balles par un commando en sortant d’un débat. Des centaines de milliers de citoyens vont la pleurer et demander justice dans les rues du pays. Le Brésilien Rafael Heiber, directeur du think tank Common Action Forum, est venu sur le plateau de la Grande Interview pour évoquer son nouveau combat : obtenir une enquête transparente supervisée par des référents internationaux.
Comme nous l’apprendra Rafael Heiber, Marielle Franco était opposée aux interventions de l’armée dans les favelas, décidées en février 2018 par le président brésilien Michel Temer. Armée, police et milices privées sillonnent en effet les bidonvilles et les dommages collatéraux sur les populations sont nombreux, d’innocents citoyens tombant sous les balles des forces de l’ordre par centaines chaque année. L’élue avait été chargée d’observer le bon déroulement des opérations militaires. Deux semaines après avoir pris la tête du contrôle de l’intervention, Marielle Franco a été brutalement exécutée.
Rafael Heiber évoque la mémoire de cette politique atypique : une femme tout d’abord, activiste féministe, noire et issue d’une favela de Rio. Son parcours de militante pour les droits sociaux et le respect des minorités l’avait conduite à se lancer en politique au sein du parti de gauche Psol. Elue par 56 000 personnes, à la surprise générale car les femmes noires accèdent très rarement à ce type de poste, elle était devenue conseillère municipale en 2016. Le directeur du think tank rappellera les premiers éléments de l’enquête et informera sur la mobilisation internationale qu’il met en place pour obtenir toute la lumière sur cette affaire.
Des activistes, intellectuels, cinéastes, du monde entier comme Edward Snowden, Gael Garcia Bernal ou Naomi Klein ont depuis publié une lettre ouverte dans les quotidiens britannique et brésilien The Guardian et O’Globo pour réclamer justice pour Marielle Franco.