Se posant en leader du monde turcique, le président turc Recep Tayyip Erdogan défend ardemment l’unité des États turcophones, ce qui sème l’inquiétude dans la région. Comment la Turquie répand-t-elle son influence dans le monde turcique et au-delà ?
«Une nation, cinq États », ce slogan formulé par le président turc se place de plus en plus au cœur de sa politique étrangère. Pour lui, les Turcs, les Azéris, les Kazakhs, les Ouzbeks et les Kirghizes appartiennent tous à la même nation turcique dont il a l’intention d’endosser le leadership. Le chemin vers la réalisation de ses aspirations passe par le renforcement de la coopération avec les trois États turciques d’Asie centrale et, surtout, avec l’Azerbaïdjan : exercices militaires conjoints, et aussi projets communs dans les domaines du commerce et des infrastructures. Le soft power est l’autre outil dans l’arsenal d’Erdogan lui permettant d’étendre l’influence turque. Pourtant, un certain nombre d’obstacles freinent l’unité turcique : l’économie turque en difficulté ainsi que l’opposition de plusieurs acteurs de l’échiquier politique régional.
Alors jusqu’où s’étendent les ambitions d’Erdogan ? Quels sont les Etats qui s’y opposent et pourquoi ? Comment le renforcement de la Turquie bouscule-t-il l’équilibre de l’échiquier politique régional ? Pour répondre à toutes ces questions, Oleg Shommer invite Roland Lombardi, docteur en histoire, spécialiste du Moyen-Orient, auteur du livre Sommes-nous arrivés à la fin de l'histoire ?