Le parquet russe a indiqué aux agences de presse le 15 juillet que le controversé média Bellingcat – dont les liens étroits avec les autorités britanniques ne sont pas un secret – représentait «une menace pour l'ordre constitutionnel et la sécurité de la Fédération de Russie», et l'a jugé «indésirable». En plus de ce média, le parquet a indiqué avoir décidé de reconnaître comme «indésirables» The Insider - site d'informations basé en Lettonie et ayant publié des enquêtes communes avec Bellingcat - et un institut tchèque, le Central and Eastern Europe Law Initiative (CEELI).
Connu notamment pour ses articles pour le moins tendancieux sur le crash du MH17 ou sur l'empoisonnement présumé d'Alexeï Navalny, Bellingcat, qui a plus récemment écrit sur l'opération militaire russe en Ukraine, avait déjà été qualifié d'«agent étranger» par la Russie en 2021.
Financé notamment par l'ONG américaine National Endowment for Democracy (NED) – elle-même financée en grande partie par le Congrès américain – mais aussi indirectement par le ministère britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth, ce média qui se dit «indépendant» est accusé, notamment par le journaliste de Grayzone Ben Norton, d'agir comme un propagandiste non officiel de l'OTAN. Pour le directeur du Service des renseignements extérieurs russe Sergueï Narychkine, le site fondé en 2014 est utilisé «pour faire pression» sur des pays, des individus ou des personnes morales. «Les informations qui sont utilisées dans ce genre de cas sont fausses, non vérifiées, elles ont leurs propres objectifs», avait-il ajouté en août dernier.
Une loi russe de 2015 sur les organisations étrangères «indésirables»
Une loi promulguée en 2015 par le président russe Vladimir Poutine permet de désigner des organisations étrangères actives en Russie comme «indésirables», qu'il s'agisse d'ONG, de fondations ou d'entreprises. Elles peuvent ensuite être interdites et leurs membres poursuivis au pénal.
Le vote de cette loi avait soulevé de vives critiques, notamment de la part d'ONG et d'organisations internationales : Amnesty International, entre autres, avait dénoncé le «dernier chapitre dans la répression sans précédent contre les organisations non gouvernementales». Les députés qui la défendaient avaient de leur côté invoqué le besoin de stopper les «organisations destructrices» travaillant en Russie, susceptibles de menacer «les valeurs de l'Etat russe» et de fomenter des «révolutions de couleur», en référence aux révoltes soutenues par l'Occident dans des pays de l'ex-URSS.