La Nasa a annoncé le 15 juillet reprendre les vols conjoints avec les Russes vers la Station spatiale internationale (ISS) afin d'assurer «la sécurité des opérations» de la station, et ce malgré les efforts des Etats-Unis pour isoler Moscou depuis le lancement de son opération militaire lancée en Ukraine.
Deux astronautes étasuniens voleront à bord d'une fusée russe Soyouz lors de deux missions distinctes, dont la première est prévue pour septembre. Deux cosmonautes russes voleront également à bord de fusées SpaceX, une première. Un tel échange était prévu de longue date mais attendait encore la validation finale de la Russie. Il avait semblé compromis après le déclenchement de la guerre en Ukraine mais des responsables de la Nasa avaient répété ces dernières semaines espérer qu'il ait bien lieu.
«Afin d'assurer la sécurité continue des opérations de la Station spatiale internationale, de protéger la vie des astronautes et d'assurer la présence continue des Américains dans l'espace, la Nasa va reprendre les vols intégrés sur des vaisseaux spatiaux américains et russes Soyouz», a déclaré l'agence dans un communiqué.
L'astronaute américain Frank Rubio volera à bord d'une fusée Soyouz dont le décollage depuis le Kazakhstan est prévu le 21 septembre, en compagnie de deux cosmonautes russes. L'astronaute américaine Loral O'Hara volera également à bord d'un vaisseau russe lors d'une mission suivante au printemps 2023. De plus, Anna Kikina fera partie de l'équipage Crew-5 qui doit décoller en septembre à bord d'une fusée SpaceX. Et le cosmonaute Andreï Fediaïev volera lui avec Crew-6, également au printemps 2023.
L'annonce est intervenue quelques heures après que le président russe Vladimir Poutine a démis de ses fonctions le patron de Roscosmos, Dmitri Rogozine. Selon l'AFP, celui-ci s'était illustré par «ses déclarations très belliqueuses à l'égard de l'Occident» depuis l'offensive russe contre l'Ukraine.
Avant l'arrivée de SpaceX, l'agence Roscosmos avait le monopole des trajets vers l'ISS depuis 2011
Après l'arrêt des navettes spatiales américaines en 2011, les Etats-Unis ont été contraints d'envoyer leurs astronautes vers l'ISS en achetant à l'agence spatiale russe Roscosmos des sièges à bord des fusées Soyouz. Depuis la fin de ce monopole avec le premier vol de SpaceX vers l'ISS en 2020, les équipages volaient quasiment uniquement à bord des fusées de leurs pays respectifs.
Le dernier astronaute à avoir voyagé à bord d'une Soyouz est l'Américain Mark Vande Hei qui avait décollé en avril 2021. Il était rentré quasiment un an plus tard, également ramené par Moscou, alors que l'offensive russe en Ukraine avait déjà commencé. Après son retour sur Terre, il avait assuré que les cosmonautes russes restaient «des amis très chers» malgré les très fortes tensions diplomatiques entre les deux pays.
Aucune agence n'a la capacité de fonctionner indépendamment des autres
Les échanges annoncés le 15 juillet se font sans autres contreparties financières.
Les Etats-Unis ont imposé des sanctions drastiques à l'encontre de Moscou, touchant en partie l'industrie aérospatiale russe. Dmitri Rogozine n'a cessé de protester contre ces sanctions, y compris les sanctions européennes. Cette semaine, l'Agence spatiale européenne a annoncé mettre un terme définitif à sa coopération avec la Russie sur la mission conjointe ExoMars, qui était déjà suspendue depuis plusieurs mois.
Cependant, la Station spatiale internationale est unique. Elle a «été conçue pour être interdépendante et repose sur les contributions de chacune des agences spatiales pour fonctionner», a souligné la Nasa le 15 juillet. «Aucune agence n'a la capacité de fonctionner indépendamment des autres», a-t-elle encore ajouté.