Les pays de l'OTAN ont assuré le 29 juin que l'Ukraine pourrait compter sur leur soutien «aussi longtemps» que nécessaire face à la «cruauté» de Moscou, qui a dénoncé de son côté le futur élargissement de l'Alliance à la Suède et à la Finlande, jugé «agressif» et «déstabilisateur».
«L'Ukraine peut compter sur nous aussi longtemps qu'il le faudra», a déclaré le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, lors du sommet de l'Alliance atlantique réuni jusqu'à 30 juin à Madrid. Dans une déclaration commune, les pays membres de l'alliance militaire ont annoncé un nouveau nouveau plan d'aide à Kiev passant par la «livraison d'équipements militaires non létaux» et visant à améliorer les défenses ukrainiennes contre les cyber-attaques.
«L'épouvantable cruauté de la Russie provoque d'immenses souffrances humaines et des déplacements massifs, touchant de manière disproportionnée les femmes et les enfants», ont-ils écrit, estimant que la Russie portait «l'entière responsabilité de cette catastrophe humanitaire».
L'épouvantable cruauté de la Russie provoque d'immenses souffrances humaines
Avec les annonces de Madrid, «l'OTAN a prouvé qu'elle pouvait prendre des décisions difficiles mais essentielles», s'est félicité sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, saluant la «position lucide» de l'organisation sur la Russie et sa «position forte» sur l'Ukraine.
Invité quelques heures plus tôt à s'exprimer devant les dirigeants de l'Alliance en visioconférence, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait demandé un soutien militaire et financier accru pour permettre à l'Ukraine de résister face à «l'artillerie russe».
La Russie passe de «partenaire stratégique» à «menace» pour l'Otan
Les dirigeants des pays de l'OTAN, qui ont adopté lors du sommet de Madrid une nouvelle feuille de route stratégique, ont qualifié la Russie «de menace la plus significative et directe pour la sécurité des alliés et la paix» dans la zone euro-atlantique.
«Nous ne pouvons pas écarter la possibilité d'une attaque contre la souveraineté ou l'intégrité territoriale des alliés», disent-ils dans ce document qui n'avait pas été révisé depuis 2010 et dont la dernière version qualifiait Moscou de «partenaire stratégique».
Un qualificatif nouveau pour la Chine
Cette nouvelle feuille de route évoque également pour la première fois les «défis» posés par la Chine. «Les ambitions déclarées» de Pékin «et ses politiques coercitives défient nos intérêts, notre sécurité et nos valeurs», souligne le document.
Face à la menace russe, les Etats membres de l'OTAN ont avalisé le 29 juin un renforcement de leur présence militaire sur le flanc oriental de l'Alliance, qui va par ailleurs porter le nombre de ses forces à haut niveau de préparation à plus de 300 000 militaires.
«C'est la réorganisation la plus importante de notre défense collective depuis la Guerre froide», a déclaré Jens Stoltenberg, évoquant un «moment pivot» dans l'histoire de l'Alliance atlantique, créée en 1949. «Nous sommes au rendez-vous» et «nous prouvons que l'OTAN est plus nécessaire que jamais», a insisté le président américain Joe Biden, qui a annoncé pour sa part un renforcement de la présence militaire américaine dans toute l'Europe et notamment dans les Etats baltes.
La Turquie laisse la Suède et la Finlande adhérer à l'Alliance
Le sommet de Madrid a également été l'occasion de lancer officiellement le processus d'adhésion de la Suède et la Finlande, qui ont décidé de rejoindre l'OTAN en réaction à l'offensive russe en Ukraine, rompant avec une longue tradition de non-alignement militaire.
Cette adhésion était jusqu'à présent bloquée par la Turquie, membre de l'Otan depuis 1952, qui accusait notamment Stockholm et Helsinki d'abriter des militants de l'organisation kurde PKK, qu'Ankara considère comme «terroriste». Mais au terme de longues tractations, la Turquie a donné le 28 juin soir son accord à l'entrée dans l'OTAN de ces deux pays nordiques, le président turc Recep Tayyip Erdogan ayant estimé avoir obtenu leur «pleine coopération» dans sa lutte contre le PKK.
La diplomatie russe dénonce un comportement «agressif»
Cette perspective d'élargissement de l'OTAN aux deux pays nordiques n'est pas vue d'un bon œil par la Russie, qui n'a cessé de dénoncer ces dernières années l'expansion de l'Alliance vers l'Est, percevant cela comme une menace à sa sécurité. C'est «un facteur profondément déstabilisateur pour les affaires internationales», a déclaré ce 29 juin le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, qui a dénoncé un mouvement «agressif» à l'égard de la Russie.
Dans un communiqué, la diplomatie russe a également menacé de représailles la Norvège, accusant ce pays membre de l'OTAN de bloquer le transit de marchandises à destination des Russes installés sur un archipel arctique norvégien, le Svalbard.