Un rapport parlementaire britannique qualifie le retrait de l'Afghanistan par Londres de «désastre»
- Avec AFP
Ciblant particulièrement «l'absence totale de plan pour évacuer les Afghans qui ont soutenu la mission britannique dans le pays», des députés du Royaume-Uni critiquent la gestion par Londres de l'évacuation en 2021 de 15 000 personnes d'Afghanistan.
Entre «désastre» et «trahison de nos alliés» : un rapport parlementaire publié ce 24 mai étrille failles et «échecs systémiques» de la diplomatie britannique lors du retrait occidental et de l'évacuation d'Afghanistan à l'été 2021. Dans la foulée du retrait américain suivi du retour des Taliban au pouvoir en août, le Royaume-Uni avait évacué 15 000 personnes hors d'Afghanistan.
«La conduite de notre retrait d'Afghanistan s'est avérée être un désastre et une trahison de nos alliés qui abîmera les intérêts du Royaume-Uni pour les années à venir», critique le rapport.
Un «manque de sérieux», selon les auteurs du rapport
Il dénonce en particulier «l'absence totale de plan pour évacuer les Afghans qui ont soutenu la mission britannique dans le pays» sans être directement employés par Londres.
«La partie britannique dans cette tragédie révèle un manque de sérieux dans la coordination, un manque de prise de décisions claires, un manque de leadership et un manque de responsabilité», a dénoncé dans un communiqué le président de la commission des Affaires étrangères, le député conservateur Tom Tugendhat.
Dans le contexte actuel, «notre diplomatie et notre sécurité ne peuvent pas être si confuses et si déstructurées», poursuit-il, dénonçant de «graves échecs systémiques au cœur de la politique étrangère du Royaume-Uni», notamment l'absence du ministre des Affaires étrangères de l'époque, Dominic Raab, et du plus haut fonctionnaire du ministère, Philip Barton.
Entre autres, le rapport critique vertement le «manque de système de priorisation solide» dans les évacuations, qui a permis à une association de protection des animaux de passer devant d'autres à la suite d'une intervention dont l'origine n'a pu être déterminée, et de quitter le pays avec chiens et chats quand nombre d'Afghans potentiellement menacés n'ont pas réussi à le faire.
Cette affaire s'inscrit dans «un problème plus large de transparence et de responsabilité au sein du ministère», selon le rapport, qui juge que les réponses qui ont été apportées à la commission «au mieux intentionnellement évasives, et souvent délibérément trompeuses».
«Le Parlement ne peut mettre le gouvernement devant ses responsabilités que s'il peut être confiant qu'il reçoit des réponses honnêtes à ses questions», souligne le rapport. Quant à l'avenir, le rapport appelle le gouvernement à rétablir dès que possible des liens diplomatiques avec les Taliban au pouvoir à Kaboul, soulignant que les «tentatives d'isoler entièrement le nouveau régime ne peuvent que nuire au peuple afghan et laisser un vide qui sera comblé par la Chine».