Au cours d'une conférence de presse tenue le 5 mai, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov est revenu sur les affirmations du New York Times parues la veille — et démenties par le porte-parole du Pentagone — selon lesquelles les renseignements fournis par les Etats-Unis à l'armée ukrainienne auraient permis de viser et d'éliminer plusieurs hauts gradés russes présents sur le front. L'Ukraine revendique en effet une douzaine de généraux tués, ce que Moscou n'a pas confirmé. Le quotidien américain évoque «un nombre [de généraux russes tués] qui a abasourdi les analystes militaires», tandis que le Pentagone a réagi en démentant avoir partagé des informations permettant de viser des hauts gradés russes.
Pour Moscou, le soutien de Washington à Kiev n'empêchera pas la réalisation des objectifs
Interrogé sur cette transmission d'informations par les Etats-Unis et sur ces pertes présumées d'officiers généraux, Dmitri Peskov a confirmé que les forces russes «[savaient] très bien que les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’OTAN en général transmettent constamment des données de renseignement et d’autres informations à l’armée ukrainienne», au même titre qu'elles n'ignorent pas «le flux d'armes qui sont envoyées par ces pays et l’Alliance [atlantique]». S'il a ajouté : «toutes ces actions ne contribuent pas à l'achèvement rapide de l'opération [militaire] spéciale» de la Russie en Ukraine, il n'a pas confirmé les décès d'officiers évoqués par le New York Times. Le porte-parole du Kremlin a en outre assuré que les actes des Occidentaux de soutien à Kiev «ne peuvent pas empêcher les objectifs d'être atteints».
Répondant à une autre question sur les mesures adoptées par les forces russes pour prévenir les actions ukrainiennes préparées à l'aide du renseignement occidental, Dmitri Peskov a indiqué que «l'armée russe fai[sait] tout ce qui est nécessaire dans cette situation», sans plus de précisions.
Le Pentagone dément permettre à Kiev de cibler des hauts-gradés russes
Le sujet de l'intensité de l'implication américaine dans le conflit est à l'évidence sensible et source de déclarations contradictoires : le New York Times rapporte à la fois des propos de responsables selon lesquels «les Etats-Unis s'interdisent de fournir des renseignements sur les plus hauts dirigeants russes» et se bornent à transmettre des informations utiles à la défense ukrainienne, tandis que d'autres personnes citées soulignent le rôle «crucial» des informations américaines dans l'élimination supposée d'autres officiers.
Citant des «sources proches du dossier», CNN rapporte pour sa part que Washington aurait fourni des informations permettant à l'Ukraine de cibler le croiseur russe Moskva. Le 14 avril, celui-ci avait fait naufrage en raison, selon Moscou, d'un incendie suivi de l'explosion de munitions à bord et de mauvaises conditions météorologiques ayant entravé les opérations de remorquage. L'Ukraine, pour sa part, a affirmé avoir coulé le bâtiment avec des missiles.
Porte-parole du Pentagone, John Kirby a reconnu que les Etats-Unis transmettaient à Kiev des renseignements afin, selon ses termes, «d'aider les Ukrainiens à défendre leur pays», mais a ajouté : «Nous ne fournissons pas d'informations sur la localisation de hauts commandants militaires sur le champ de bataille, pas plus que nous ne participons aux décisions de ciblage prises par les militaires ukrainiens.»
Concernant l'affaire du Moskva, le porte-parole a commenté : «Nous n'avons pas fourni à l'Ukraine d'informations de ciblage spécifique pour le Moskva. Nous n'étions pas impliqués dans la décision des Ukrainiens de frapper le bateau ou dans l'opération qu'ils ont menée. Nous n'avions pas de connaissance préalable de l'intention de l'Ukraine de viser le bateau.»
Le Conseil de sécurité nationale américain (NSC) a pour sa part qualifié d'«irresponsable» l'affirmation selon laquelle les Etats-Unis aidaient l'Ukraine à tuer des généraux russes.