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Finlande: le Parlement ouvre un débat sur l'adhésion à l'OTAN, ignorant les avertissements de Moscou

Alors que la perspective d'une candidature de la Finlande à l'OTAN se précise, les parlementaires entament un débat sur le sujet. La Russie s'inquiète des conséquences de cette adhésion, qui déstabiliserait selon elle la sécurité en Europe du nord.

La – relative – neutralité finlandaise sera-t-elle bientôt un vestige du passé ? Ce 20 avril, le Parlement finlandais commence à débattre d'une adhésion à l'OTAN. L'enjeu ? Helsinki avance la nécessité de se protéger contre une éventuelle agression russe, tandis que Moscou met en garde contre l'avancée de la sphère d'influence de l'Alliance, qui pourrait déstabiliser la sécurité en Europe du nord.

Des parlementaires largement favorables à une adhésion ?

Longtemps partagés sur la question jusqu'à l'offensive russe en Ukraine, que Kiev et ses alliés dénoncent comme une invasion, les 200 membres de l'Eduskunta, le Parlement du pays, semblent se diriger vers une nette majorité en faveur de l'adhésion lors d'un probable vote d'ici l'été. Selon les pointages effectués par les médias finlandais, une centaine d'entre eux a déjà décidé de voter pour une adhésion, quand seulement 12 sont contre. Les autres attendent les débats pour afficher leur position.

«Je pense que [la décision] interviendra assez vite. D'ici quelques semaines», avait affirmé le 13 avril la dirigeante sociale-démocrate du pays nordique, Sanna Marin.

Sans exprimer de recommandation formelle, un nouveau «livre blanc» remis la semaine dernière par le gouvernement aux parlementaires a souligné que seule une adhésion à l'OTAN permettait de bénéficier de la protection de son célèbre article 5, relatif à la défense collective. Même si elle a rompu avec sa neutralité stricte à la fin de la Guerre froide et lors de son adhésion à l'Union européenne en 1995, la Finlande n'est aujourd'hui que partenaire de l'OTAN.

Pour les autorités de ce pays, qui compte une frontière de 1 300 kilomètres avec la Russie, rejoindre les 30 membres de l'Alliance atlantique apporterait une dissuasion «considérablement plus grande» contre une attaque de son voisin, selon le livre blanc.

Deux tiers des Finlandais seraient favorables à l'adhésion 

Il est «très probable» que la Finlande soit candidate, avait déjà indiqué le 15 avril la ministre finlandaise des Affaires européennes, Tytti Tuppurainen, tout en assurant que la décision n'était pas prise. «Les Finlandais semblent avoir pris leur décision et il y a déjà une énorme majorité en faveur d'une adhésion à l'OTAN», a-t-elle relevé. Les sondages suggèrent que près des deux tiers des 5,5 millions de Finlandais sont désormais en faveur d'une adhésion, soit une nette progression depuis le déclenchement de l'intervention militaire russe en Ukraine. 

Le débat finlandais est suivi avec grande attention en Suède. Le pays scandinave, qui n'a jamais été en guerre depuis deux siècles, envisage lui aussi de rejoindre l'Alliance, mais semble faire dépendre sa décision du choix de Helsinki.

De nombreux analystes estiment qu'une candidature de la Finlande, et peut être de la Suède, pourrait être suffisamment rapide pour être sur la table au sommet de l'OTAN prévu fin juin à Madrid, sachant que l'unanimité des membres est requise pour accueillir un nouveau membre. Si un point d'interrogation demeure quant au choix de la Hongrie, dont la ligne est plus favorable à la Russie que les autres Européens, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a jugé qu'il n'y aurait pas d'obstacle à l'adhésion de la Finlande. Helsinki estime entre quatre mois et un an le temps nécessaire pour entériner les procédures d'adhésion, une période durant laquelle des garanties d'assistance militaire devraient être formulées en sa faveur.

Si l'adhésion de la Finlande venait à se confirmer, les frontières terrestres entre les pays de l'OTAN et la Russie doubleraient d'un coup, atteignant près de 2 600 kilomètres. De quoi inquiéter Moscou, qui n'a de cesse de dénoncer l'élargissement de la sphère d'influence en Europe de l'organisation militaire menée par les Etats-Unis...

Moscou met en garde contre «des conséquences négatives pour la paix et la stabilité en Europe du nord»

Inquiète de la perspective de voir le bloc militaire de l'OTAN se renforcer ainsi à ses frontières, la Russie a averti à plusieurs reprises sur le caractère déstabilisateur d'une adhésion des pays scandinaves à l'Alliance atlantique. «Etre membre de l'OTAN ne peut renforcer leur sécurité nationale. De facto, [la Finlande et la Suède] seront la première ligne de l'OTAN», a affirmé le 15 avril la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. Jugeant que le débat sur l’adhésion à l’OTAN s’était considérablement intensifié du fait d'«une campagne délibérée menée ces dernières années par des forces extérieures pour attirer la Suède et la Finlande dans le bloc de l’OTAN», elle avait mis en garde contre les conséquences de l'abandon d'une position de non-alignement militaire par ces deux pays.

Ils ont été informés de tout, de où cela va mener

Leur intégration à l'Alliance atlantique aboutirait de fait à «une nouvelle ligne de confrontation entre le bloc de l’OTAN et la Russie», ainsi qu'à des «des conséquences négatives pour la paix et la stabilité en Europe du nord», avait-t-elle ajouté.

Ces pays «doivent comprendre les conséquences d'une telle mesure pour nos relations bilatérales et pour l'architecture sécuritaire européenne dans son ensemble », a-t-elle affirmé. La diplomate avait déjà averti, le 25 février, que l'adhésion de la Finlande et de la Suède aurait de «graves répercussions politico-militaires»

Ce 20 avril, elle a réitéré la position russe dans une interview accordée à la chaîne de télévision Rossia-24 : «Nous avons lancé tous nos avertissements, tant publiquement que par les canaux bilatéraux. Ils sont au courant, il n’y a donc pas de quoi être surpris. Ils ont été informés de tout, de où cela va mener.»

La Finlande a été russe pendant plus d'un siècle, principalement lors de la période du grand-duché qui s'est étendu de 1809 à 1917 et a déjà été en conflit avec l'Union soviétique, notamment lors de la «guerre d'Hiver» en 1939-40.