Le redéploiement annoncé des troupes dans les secteurs de Kiev et de Tchernigov est en cours, selon un «briefing» du ministère russe de la Défense du 30 mars.
Le Défense russe a de nouveau affirmé, à cette occasion, que tous les objectifs de la «première phase» de l'opération militaire russe en Ukraine lancée le 24 février, avaient été atteints. Ces objectifs, d'après la même source, étaient de «forcer l’adversaire à concentrer ses forces, ses moyens, ses ressources et son matériel pour maintenir sous son contrôle les grandes ville» et de «bloquer» les forces ukrainiennes afin qu'elles ne puissent pas être employées dans «la zone principale d’opération» de l'armée russe, à savoir le Donbass. Et ce, selon la Défense russe, «sans prendre d’assaut» les grandes villes afin d'éviter des pertes parmi les populations civiles.
Ces dernières affirmations vont à l'encontre des allégations de Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky qualifiant notamment les actions de l'armée russe dans la ville de Marioupol de «crime contre l'humanité». En outre, selon les chiffres du Haut Commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU, au 29 mars, 1 189 civils, y compris 98 enfants seraient morts en Ukraine depuis le lancement de l'offensive russe.
«Phase finale de l’opération de libération» du Donbass
Le ministère russe déclare également, ce 30 mars, que ses forces sont en train de réunir «toutes les conditions nécessaires pour pouvoir procéder à la phase finale de l’opération de libération des Républiques populaires du Donbass». La Défense affirme également qu'«ont été détruits les systèmes de défense antiaérienne de l'Ukraine, les infrastructures des aérodromes, les plus grands dépôts militaires et les centres d'entraînement et de concentration de mercenaires». Pour conclure, la même source confirme que le redéploiement militaire en cours a pour objectif «l’intensification des opérations dans les secteurs prioritaires et surtout l'accomplissement de l'opération de libération complète du Donbass».
Quelques jours plus tôt, le 25 mars, l'adjoint au chef de l'état-major russe Sergueï Roudskoï avait annoncé une concentration «des principaux efforts» des forces armées sur la «libération du Donbass». Et le 29 mars, un porte-parole russe avait annoncé une réduction «considérable» à venir de l’activité militaire dans les secteurs de Kiev et de Tchernigov.
Pour rappel, le président russe Vladimir Poutine avait déclaré, au lancement de cette intervention militaire en Ukraine fin février, qu'elle visait à «démilitariser» et «dénazifier» l'Ukraine et à venir en aide aux Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk (dont Moscou reconnaît l'indépendance).
La situation militaire reste incertaine autour de Kiev
De leur côté, les autorités ukrainiennes ont annoncé avoir repris la ville de Irpin à l'ouest de Kiev où de fortes explosions pouvaient être entendues dans la matinée du 30 mars, selon l'AFP. Le même jour, l'armée ukrainienne a repris le contrôle d'une autoroute stratégique reliant Kharkiv à Tchougouïv, dans l'est du pays, ont constaté les journalistes de l'AFP. L'agence de presse française a également constaté de visu le départ des forces russes de la ville de Trostyanets (nord-est). Après avoir occupé la ville pendant un mois, les troupes russes l'ont quittée, selon de multiples témoignages recueillis par l'AFP dans la cité en partie détruite.
Ces informations rapportées par l'agence de presse semblent suggérer que la Russie est bel et bien en train d'opérer un redéploiement de ses forces armées en Ukraine. Un avis partagé par le ministère britannique de la Défense britannique, qui a jugé sur Twitter qu'«il est très probable que la Russie cherche à transférer sa puissance de frappe depuis le Nord vers les régions de Donetsk et de Lougansk à l'Est». La situation militaire reste néanmoins incertaine autour de la capitale. Selon l'AFP, plusieurs tirs d’artillerie se sont fait entendre le 30 mars.
Volodymyr Zelensky a lui déclaré ce 31 mars ne pas croire aux promesses russes de réduire l'activité militaire, ajoutant que les forces russes se regroupaient pour attaquer la région du Donbass. «Nous ne cèderons rien. Nous nous battrons pour chaque mètre de notre territoire», a-t-il martelé.
Les Occidentaux méfiants
Ces évolutions interviennent au lendemain d'une nouvelle session des négociations entre la Russie et l'Ukraine, à Istanbul. A l'issue de celle-ci, l’Ukraine s'est dit prête à adopter un statut neutre en échange de garanties sur sa sécurité, une proposition bien accueillie par Moscou qui a annoncé réduire son activité militaire sur Kiev. Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a salué les «progrès les plus significatifs» depuis le début du conflit.
Les Occidentaux restent, eux aussi, prudents à ce stade. Invité à commenter la réduction des activités militaires russes, le président américain Joe Biden a ainsi déclaré : «Je ne vais pas tirer de conclusions tant que je n'aurai pas vu ce qu'ils font. Nous verrons s'ils tiennent parole.»
Dans la soirée du 30 mars, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a déclaré que la France ne voyait «pas de percée» dans les négociations russo-ukrainiennes ni de «nouveauté» dans la situation en Ukraine. «La guerre continue. Pour l'instant, il n'y a, à ma connaissance, ni percée ni nouveauté», a-t-il souligné dans un entretien à France 24 et RFI.