Dans une interview donnée au média ukrainien Suspilne dans la nuit du 21 au 22 mars, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué la perspective d'un «compromis» avec la Russie, une idée qu'il avait déjà esquissée lors d'une interview au début du mois de mars.
Ce compromis pourrait être trouvé à la faveur d'une négociation directe avec le président russe Vladimir Poutine sur les points-clés du Donbass, de la Crimée et de l'OTAN, avec l'objectif d'obtenir en retour l'arrêt du conflit et des «garanties de sécurité» pour l'Ukraine. Volodymyr Zelensky s'est dit favorable à «essayer d'aborder tout ce qui contrarie et mécontente la Russie».
«C'est une situation très difficile pour tout le monde. Pour la Crimée, le Donbass, et pour tout le monde. Pour trouver une issue, il faut faire ce premier pas, que j'ai mentionné : des garanties de sécurité, la fin de la guerre [...]. Je suis prêt à aborder ces questions lors de la première rencontre avec le président russe, elles sont pertinentes, elles sont importantes pour nous», a déclaré le dirigeant, ici cité par l'agence de presse russe TASS. «Je crois que, sans cette rencontre, il est impossible de comprendre pleinement ce à quoi [les Russes] sont prêts pour arrêter la guerre», a-t-il ajouté, ici cité par l'AFP.
Des compromis à faire valider par référendum
S'agissant de la Crimée – rattachée à la Russie en 2014 – ainsi que des deux républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, le président ukrainien a avancé qu'il entendait intégrer ces dossiers dans un référendum, afin que les Ukrainiens puissent «se prononcer sur certaines formes de compromis» qui seraient conclus avec la Russie.
«Je suis prêt à tout, du moment que cela soit en accord avec notre peuple», a-t-il précisé. «En aucune façon je ne souhaite diviser notre Etat», a-t-il complété, en réaffirmant que l'Ukraine ne pourrait «accepter aucun ultimatum de la Russie».
«Je ne veux pas que l'Histoire fasse de nous des héros et une nation qui n'existe pas», a également déclaré Volodymyr Zelensky, faisant valoir que «si la nation [était] détruite, il n'y aura[it] plus de place pour l'héroïsme».
Trouver «d'autres garanties de sécurité» que l'intégration à l'OTAN
Le chef de l'Etat ukrainien a également évoqué longuement la question-clé de l'OTAN, estimant ne pas être accepté par ses Etats membres qui, selon lui, auraient peur de la Russie. «Nous devons nous calmer et dire : OK, [il faudra] d'autres garanties de sécurité», a-t-il déclaré. «Il y a des pays de l'OTAN qui veulent être des garants de la sécurité [de l'Ukraine et] qui sont prêts à faire tout ce que l'Alliance devrait faire si nous en étions membres. Et je pense que c'est un compromis normal», a encore estimé Volodymyr Zelensky.
Dans les mois qui ont précédé le lancement de son offensive militaire le 24 février, la Russie a demandé de manière répétée la garantie que l'Ukraine n'entrerait jamais dans l'Alliance atlantique, organisation datant de la guerre froide et qui s'est progressivement élargie jusqu'aux portes de la Russie, malgré des promesses occidentales au début des années 90 rappelées par Roland Dumas mi-février. L'expansion de l'OTAN sur le sol européen, encouragée ces dernières décennies par les Etats-Unis, a été perçue par Moscou à la fois comme une trahison et une menace sécuritaire de premier ordre.
S'agissant du conflit en cours, le Kremlin a expliqué à plusieurs reprises que les combats s'arrêteraient quand Kiev accepterait les demandes russes concernant la neutralité et la «démilitarisation» de l'Ukraine, la reconnaissance de la souveraineté de Moscou sur la péninsule de Crimée et l'indépendance des républiques du Donbass. Les représentants des deux pays ont évoqué mi-mars des «progrès» dans les négociations, plusieurs sessions de pourparlers ayant déjà eu lieu.