Il y a huit ans, en 2014, la péninsule ukrainienne de Crimée rejoignait la Fédération de Russie, après un référendum d'autodétermination – dénoncé comme «illégal» par Kiev et les Occidentaux. Ce 18 mars 2022, la Russie célébrait l'anniversaire de cet événement, dans un contexte marqué par l'offensive militaire russe en Ukraine.
A cette occasion, quelque 95 000 spectateurs dans le stade Loujniki de Moscou et 100 000 à l'extérieur de celui-ci, selon un décompte de la police, ont assisté aux interventions de personnalités politiques, sportifs médaillés et artistes, qui se sont succédé sur scène. Le clou du spectacle était le discours du président russe Vladimir Poutine, qui a défendu l'unité du peuple russe, l'intégration de la Crimée à la Fédération et l'opération militaire en cours.
«"Nous, le peuple multiethnique de la Fédération de Russie, uni par un destin commun sur notre propre terre" : ce sont les premières lignes de la loi fondamentale de la Russie, la Constitution. Et chaque mot est rempli d’un sens profond, a une signification considérable», a déclaré le chef d'Etat, en introduction de sa prise de parole dans le stade. Evoquant les populations de Crimée, le président a assuré qu'elles «vivaient et vivent sur leur terre et voulaient vivre un destin commun avec leur patrie historique, la Russie» et avaient, par le rattachement de la péninsule à la Fédération, «atteint leur objectif». «Depuis, la Russie a fait beaucoup pour relever la Crimée et Sébastopol. Il fallait faire des choses qui ne sont pas immédiatement visibles à l’œil nu. Elles sont de nature fondamentale : approvisionnement en gaz et en électricité, services communaux, restauration du réseau routier, construction de nouvelles routes, autoroutes et nouveaux ponts», a notamment fait valoir Vladimir Poutine.
Moscou, convient-t-il de noter, accorde toujours une importance cruciale à ce rattachement dans le contexte actuel, faisant de la reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée une des conditions de la fin des combats en Ukraine.
Poutine affirme de nouveau qu'un «génocide» était perpétré dans le Donbass
Ce 18 mars, le chef d'Etat a également évoqué le sort des Républiques autoproclamées du Donbass, dont la Russie a reconnu l'indépendance vis-à-vis de l'Ukraine en février dernier. Cette région fait l'objet d'un conflit qui a fait depuis 2014 plus de 14 000 morts, selon l'AFP, et qui opposait à l'origine les rebelles et les autorités ukrainiennes issues du coup d'Etat de Maïdan perpétré la même année. «Les personnes qui vivaient et vivent encore dans le Donbass n’étaient pas non plus d’accord avec ce coup d’Etat. Des opérations militaires punitives ont été immédiatement organisées contre eux, et en nombre, ils ont été immédiatement mis en état de siège, soumis à des tirs au canon et à des frappes aériennes systématiques, c’est ce qu’on appelle un "génocide"», a assuré Vladimir Poutine – ce dernier terme ayant déjà été employé par le président russe avant l'intervention militaire en Ukraine.
Cela fait longtemps que nous n’avions pas eu une telle unité
Le chef d'Etat en est, enfin, venu à cette opération : «Justement, libérer les gens de ces souffrances, de ce génocide, c’est la principale raison, la motivation et l’objectif de l’opération militaire que nous avons lancée dans le Donbass et en Ukraine, c’est ça, l’objectif». Et le chef d'Etat d'invoquer la religion chrétienne pour légitimer cette opération militaire :«Et là, vous savez, les paroles de la sainte Ecriture me viennent à l’esprit : "Il n’y a pas de plus grand amour que celui qui consiste à donner son âme pour ses amis".» «Cela fait longtemps que nous n’avions pas eu une telle unité», a encore martelé le président russe.
Déclenchée le 24 février dernier, l'opération militaire de la Russie en Ukraine est dénoncée comme une guerre d'invasion, notamment, par les Occidentaux. Ces derniers ont multiplié les sanctions anti-russes en représailles et l'Assemblée générale de l'ONU a voté le 2 mars en faveur d'une résolution appelant Moscou à retirer «immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires» d'Ukraine. Pour le président russe Vladimir Poutine, cette opération militaire vise à «démilitariser» et «dénazifier» l'Ukraine et à venir en aide aux Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk.