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La Russie va interdire ou restreindre l'importation et l'exportation de certains produits

Dans un contexte de quasi-guerre commerciale avec l'Occident, Vladimir Poutine a ordonné d'interdire jusque fin 2022 l'importation et l'exportation de plusieurs produits pour une liste d'Etats qui sera fixée par le gouvernement russe.

Vladimir Poutine a signé un décret instaurant des mesures économiques spéciales dans les activités économiques étrangères dont l'objectif est d’assurer «la sécurité de la Russie», selon les agences de presse Interfax et Tass ce 8 mars.

Selon Interfax, ce décret interdit ou restreint «des exportations hors du territoire de la Fédération de Russie et/ou des importations vers le territoire de la Fédération de Russie de produits et/ou de matières premières selon des listes déterminées par le gouvernement russe».

La liste des Etats concernés par ces décisions sera définie par le gouvernement dans les jours à venir. Ces restrictions ne couvriront pas les produits ou les matières premières transportés par les citoyens pour leurs besoins personnels.

Le président Joe Biden a annoncé plus tôt le 8 mars avoir ordonné un embargo sur les importations américaines de pétrole et de gaz russes, afin d'alourdir les sanctions imposées à la Russie et «porter un nouveau coup puissant à [Vladimir] Poutine» – provoquant au passage une nouvelle flambée des prix. Le pétrole russe ne représente que 8% des importations américaines et 4% de la consommation de produits pétroliers aux Etats-Unis, qui n'importent pas de gaz russe.

La situation est plus compliquée pour l'Europe, puisque la Russie représente selon l'AFP environ 45% des importations européennes de gaz et de charbon et 25% de celles de pétrole. Si un embargo est pour l'heure exclu par les autorités européennes, Bruxelles envisage de réduire de deux tiers dès cette année ses achats de gaz russe.

Pour ce faire, la Commission européenne a proposé aux Vingt-Sept de diversifier leurs approvisionnements (en se tournant notamment davantage vers les pays producteurs de gaz comme les Etats-Unis, le Qatar ou l'Algérie), gonfler leurs réserves et, comme le rapporte l'AFP... de diminuer leur consommation d'énergie. 

Le défi s'annonce néanmoins de taille, de l'aveu même du vice-Président de la Commission Frans Timmermans : «Ce sera sacrément dur, mais c'est possible.»

Guerre économique ?

Les sanctions économiques se sont multipliées depuis le début, fin février, d'une opération militaire russe en Ukraine. Qualifiée de guerre d'invasion par Kiev et ses alliés, cette offensive vise selon Vladimir Poutine à «démilitariser» et «dénazifier» l'Ukraine et fait suite à la reconnaissance par la Russie de l'indépendance des Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk, dans l'est ukrainien. Cette région fait l'objet d'un conflit qui a fait plus de 13 000 morts depuis 2014 entre séparatistes et les autorités ukrainiennes issues du coup d'Etat de la même année.

Symbole de cette politique de sanctions envers Moscou et du dilemme qui l'accompagne pour les Européens, le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire avait ainsi déclaré début mars une «guerre économique et financière totale à la Russie»... avant de revenir sur ce terme et de le qualifier d'«inapproprié». Lors de la même prise de parole, le ministre avait néanmoins assuré : «Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe.»

Dans ce contexte, le gouvernement russe a adopté le 7 mars une liste de pays «hostiles» envers la Russie, sur laquelle figurent les Etats-membres de l'Union européenne (et donc la France), les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Ukraine, la Suisse, mais aussi le Japon, la Corée du Sud et l'Australie. Conformément à un décret présidentiel, une «procédure provisoire» de remboursement des dettes envers certains créanciers de ces pays permet de les rembourser en roubles, monnaie dont la valeur a perdu 45% depuis janvier.