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Satellite, site web et réseaux sociaux : les canaux de diffusion de RT France bloqués en Europe

Conséquence de l'«interdiction» de RT annoncée par les autorités, les canaux de diffusion de RT France ont été bloqués sur le territoire européen. Cela concerne l'accès au site web, la diffusion de la chaîne et les réseaux sociaux.

Jeudi 17 mars

Le Canada a interdit officiellement ce 17 mars aux fournisseurs de services de distribuer les chaînes d'information russe RT et RT France, estimant que leur programmation n'est pas dans «l'intérêt du public». «La liberté d'expression et la diversité des points de vue sont des éléments essentiels de notre démocratie. Cependant, le fait d'être diffusé au Canada est un privilège et non un droit», a estimé Ian Scott, président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes.

Jeudi 3 mars

Le site web de RT France a été rendu inaccessible ce 3 mars par les principaux fournisseurs d'accès internet français. Le site continuera néanmoins pour l'heure d'être alimenté, malgré l'interdiction des canaux de diffusion sur le territoire européen.

Mercredi 2 mars

Twitter a restreint le compte de RT France.

La diffusion télévisée de la chaîne de RT France a été coupée, après l'annonce de l'interdiction de tous les canaux du média par l'UE.

Le site web de RT France est inaccessible sur l'opérateur Free, à la suite de l'annonce d'interdiction de RT par les autorités.

Soutenez le droit à l'information, signez la pétition contre l'interdiction de RT France en cliquant ici.

«Ce n'est pas au pouvoir politique de décider qui est journaliste, quels sont les bons et les mauvais médias. RT France ne doit pas être une victime collatérale. Soutenez le droit à l'information.»

L'entrée en vigueur de l'interdiction de RT et Sputnik dans l'UE a été officiellement annoncée dans le Journal officiel de l'Union européenne. Les contenus de Sputnik et des chaines de RT en anglais, allemand, français et espagnol ne pourront plus être diffusés sur les réseaux de télévision et sur internet, selon cette décision, que chaque Etat membre est chargé de faire respecter.

Selon le journal officiel de l'UE, «ces mesures devraient être maintenues jusqu’à ce que l’agression contre l’Ukraine prenne fin et jusqu’à ce que la Fédération de Russie et ses médias associés cessent de mener des actions de propagande contre l’Union et ses États membres.»

Dans le sillage des mesures de restriction et d'interdiction prises contre RT et Sputnik, l'application de RT a été retirée de l'App store d'Apple.

Mardi 1 mars

Les 27 pays membres de l'Union européenne (UE) ont donné le 1er mars leur feu vert pour interdire la diffusion dans l'UE de RT et Sputnik (comme l'avait annoncé la président de la Commission européenne) et pour exclure «certaines banques russes» du système de messagerie Swift, rouage clé de la finance internationale, a annoncé la présidence française de l'UE.

Selon l'AFP, ces mesures sont censées entrer en vigueur le 2 mars après publication de la décision au Journal officiel de l'UE.

Les services presse de l'Assemblée nationale et du Sénat ont fait savoir à RT France que ses journalistes ne seraient plus accrédités. L'Assemblée évoque une mesure décidée «à la suite de la décision de la Fédération de Russie d’envahir l’Ukraine», tandis que le Sénat invoque les «décisions prises par l'Union européenne» concernant RT.

«Ce canal ne peut pas être affiché car il a enfreint la législation locale» : c'est le message d'erreur qui s'affichait ce 1er mars sur de nombreux écrans à l'ouverture de la chaîne Telegram de RT France (plus de 50 000 abonnés) depuis le territoire français, nouvelle conséquence des mesures de censure annoncées contre RT par les autorités européennes et françaises.

Le réseau social américain YouTube a annoncé ce 1er mars le blocage des chaînes de RT et Sputnik sur tout le Vieux continent. La chaîne de RT France, qui cumulait 1 155 101 abonnés et des millions de vues, était ainsi largement inaccessible depuis l'Europe ce 1er mars, remplacée par ce message : «Cette chaîne n'est pas disponible depuis votre pays.» Les vidéos postées avant le blocage ont elles aussi été rendues inaccessibles.

Si les voix se font rares pour défendre ouvertement le pluralisme de l'information face à la menace de censure pesant sur RT, sur les réseaux sociaux, des internautes ont appelé à soutenir le média, autour du mot-clé #SoutienRtFrance.

Dans un communiqué, le Syndicat national des journalistes (SNJ), tout en prenant ses distances avec la ligne éditoriale de RT France, a déploré «un acte de censure qui réduit le pluralisme de l'information».

Twitter a commencé à apposer la mention «média affilié à la Russie» sur les comptes personnels des journalistes de RT France... y compris ceux d'anciens employés du média. Le réseau social a également accolé un message d'avertissement accompagnant les partages de publications émanant de RT.

Des décisions qui ne sont pas jugées suffisantes par le secrétaire d'Etat français au Numérique. Celui-ci a fait connaître sa colère à l'encontre de la plateforme, accusée de ne pas censurer assez et assez vite.

«Twitter n’a encore rien fait, ou quasiment rien. Je veux le dire ici très formellement, mettre des petits messages précisant "Ceci est un message sponsorisé par le gouvernement russe", quand le gouvernement russe est en train d’augmenter sa menace nucléaire, c’est ridicule et indécent», a dénoncé Cédric O sur France inter.

Depuis le soir du 28 février, les pages Facebook et Instagram de RT sont difficilement accessibles depuis les pays de l'UE. Meta a reçu plusieurs requêtes de pays membres de l'UE pour restreindre l'accès aux médias russes depuis le Vieux continent.

En particulier, l'accès à la page Facebook de RT France est maintenant bloqué dans plusieurs pays de l'UE.

Par la voix de la présidente de la Commission Ursula van der Leyen, l'Union européenne a annoncé le 27 février son intention de censurer les médias publics russes RT et Sputnik sur son territoire. Au-delà des légitimes questions légales que posent cette annonce – sur quelle base juridique repose cette mesure et de quel pouvoir dispose l'UE pour l'imposer aux Etats membres ? – une telle décision ne marque-t-elle pas le renoncement majeur de l'UE à ses principes ?

Le 28 février, le secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, Cédric O, a tenu une réunion avec plusieurs représentants des plus grandes plateformes numériques pour mettre en œuvre les mesures de restriction décidées par l'UE à l'encontre des médias russes présents dans l'Union. 

Par la voix de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l'Union européenne a annoncé le 27 février vouloir «interdire» les médias financés par la Russie en réponse à l'intervention militaire russe en Ukraine. Cependant, se pose désormais la question de savoir sur quelle base juridique précise un média dont les employés exercent le métier de journaliste peut-il être «banni» ? Pour l'avocat de RT France Basile Ader, «le bannissement d’un média est une notion inconnue du droit, et difficilement compréhensible s’agissant d’un média français qui emploie plus de 100 journalistes français encartés !»

Pour rappel, il existe en France une loi contre la manipulation de l'information, votée en 2018, qui vise à mieux protéger la démocratie contre les diverses formes de diffusion intentionnelle de fausses informations. Or RT France n’a jamais été poursuivie pour diffusion de désinformation. La chaîne RT France dispose par ailleurs d'une convention avec l’Arcom (ex-CSA) et n'a jamais été sanctionnée par le régulateur.

Et, vu l'attention particulière portée à ce média depuis sa création, il tombe sous le sens que le moindre faux pas n'aurait – à raison – pas été épargné. La présidente de RT France, Xenia Fedorova, a rapidement réagi à l'annonce de l'UE : «La décision de bannir notre chaîne, dans laquelle travaillent 176 salariés, dont plus de 100 journalistes, est une violation de l'Etat de droit et va à l’encontre des principes mêmes de la liberté d'expression. Rien ne peut justifier cette censure».