Dans la foulée de l'annonce du retrait des troupes françaises du Mali après neuf ans de présence dans le pays, l'ONU et l'UE cherchent à determiner les conséquences que cela va avoir sur leurs missions respectives dans la région.
«Il y aura forcément un impact», a ainsi expliqué ce 17 février à l'AFP Olivier Salgado, porte-parole de l'ONU. «Nous prendrons les dispositions nécessaires pour nous adapter au nouveau contexte en vue de pouvoir poursuivre la mise en œuvre de notre mandat», a-t-il poursuivi, soulignant que cet impact de la décision française était «actuellement à l'étude».
Olivier Salgado a effet rappelé «le rôle spécifique et complémentaire que joue [l'opération antidjihadiste française] Barkhane dans la lutte contre le terrorisme et de l’appui in extremis que cette opération nous apporte». Le porte-parole de l'ONU faisait référence à l'autorisation, donnée par la résolution du Conseil de sécurité portant mandat de la Minusma [Mission de l'Onu au Mali], qui permet aux forces françaises d'intervenir en appui des Casques bleus «en cas de menace grave et imminente».
A ce propos, Emmanuel Macron a expliqué durant sa conférence de presse que la France allait «continuer d'assurer les missions de sécurisation de la Minusma». La Minusma, créée en 2013 après le déclenchement des insurrections indépendantiste et djihadiste l'année précédente, déploie plus de 12 000 soldats au Mali. C'est la mission la plus meurtrière au monde pour les Casques bleus (plus de 150 morts dans des actes hostiles). Barkhane et la Minusma coopèrent par ailleurs dans d'autres domaines, par exemple sanitaire.
L'UE va discuter avec les autorités maliennes
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a lui aussi expliqué que l'UE allait analyser la situation avant de prendre une décision concernant la poursuite ou non de ses missions dans le pays. «J'ai envoyé une mission au Mali afin de vérifier avec les autorités maliennes sous quelles conditions et sous quelles garanties nous pourrions envisager la possibilité de garder ou de ne pas garder notre travail de mission de formation. La réponse viendra dans les prochains jours», a-t-il ainsi déclaré ce 17 février depuis le siège de l'OTAN, où il participe à une réunion des ministres de la défense de l'Alliance.
L'UE a deux missions de formation au Mali, l'EUTM pour les forces armées et l'EUCAP Sahel-Mali pour la police. Le mandat de l'EUCAP, approuvé en 2015, a été prolongé au 31 janvier 2023. Celui de l'EUTM, depuis 2013, court jusqu'au 18 mai 2024.
Le chef de la diplomatie européenne, qui considère comme «avérée» la présence de la société privée russe Wagner – en dépit des démentis de Bamako – avait estimé la veille que les méthodes de ce groupe étaient «incompatibles avec nos efforts collectifs en faveur de la sécurité et du développement». «L'UE veut rester engagée au Mali et au Sahel, mais pas à n'importe quel prix», avait-il indiqué.
L'Allemagne – dont des soldats participent à l'EUTM et à la Minusma – s'est pour sa part dite, par la voix de sa ministre de la Défense Christine Lambrecht, «très sceptique quant à une éventuelle prolongation du mandat de participation à l'EUTM». «La question est de savoir si nous atteignons nos objectifs politiques, c'est-à-dire qui nous soutenons et qui nous formons», a déclaré la ministre ce 17 février. Concernant la Minusma, la ministre a prévenu qu'il faudrait «chercher d'urgence une solution» si les capacités françaises font «défaut».