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La France et ses alliés européens se retirent militairement du Mali

Dans une déclaration conjointe, la France, plusieurs pays européens ainsi que le Canada ont annoncé qu'ils se retiraient du Mali. Présent militairement depuis 2013, Paris a tiré les conclusions de ses relations tendues avec le nouveau pouvoir malien.

La France, ses partenaires européens et le Canada ont annoncé ce 17 février le retrait du Mali des opérations militaires antidjihadistes Barkhane et Takuba du fait de la dégradation des relations avec les militaires au pouvoir à Bamako.

«Les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies» et les pays ont décidé «le retrait coordonné» du Mali, tout en assurant de leur «volonté de rester engagés dans la région» du Sahel en proie à la contagion djihadiste, selon une déclaration conjointe.

«En raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les Etats européens opérant aux côtés de l'opération [française] Barkhane et au sein de la Task force Takuba estiment que les conditions ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali et ont donc décidé d'entamer le retrait coordonné du territoire malien de leurs moyens militaires respectifs dédiés à ces opérations», détaille encore le texte. 

Quelque 2 500 à 3 000 soldats français resteront déployés au Sahel au terme de leur retrait du Mali d'ici environ six mois, a indiqué l'état-major des armées françaises. Actuellement, 4 600 militaires français sont déployés dans la bande saharo-sahélienne dont 2 400 au Mali. 

La décisions de retrait militaire conjoint survient dans un contexte de crise aigüe avec Bamako, les relations entre les autorités françaises et maliennes n'ayant cessé de se détériorer depuis que les militaires – qui ont pris le pouvoir par la force en août 2020 – ont décidé de repousser la date prévue des élections qui auraient ramené les civils à la tête du Mali.

Les relations Paris-Bamako au plus mal

«C'est la junte [...] qui [a] pris le pouvoir et qui [a] fait un double coup d'Etat depuis août 2020 qui est illégitime», avait en effet martelé le 28 janvier sur RTL Jean Yves Le Drian, reprochant au gouvernement malien sa volonté de reporter l'organisation des élections au nom de considérations sécuritaires. Il avait ainsi dénoncé «une véritable fuite en avant de la junte qui n'est pas acceptable».

Le 31 janvier, les autorités maliennes avaient de leur côté décidé d'expulser l'ambassadeur de France, Joël Meyer, en réponse, selon elles, aux déclarations «hostiles» de responsables français à leur encontre. Quelques jours auparavant, le Mali avait demandé à la France de revoir les accords de défense bilatéraux liant les deux pays. Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, avait ainsi déclaré le 15 janvier à la télévision nationale : «Nous voulons relire les accords déséquilibrés qui font de nous un Etat qui ne peut même pas survoler son territoire sans autorisation de la France.»

La présence des troupes françaises sur le sol malien a par ailleurs plusieurs fois donné lieu à des manifestations à Bamako. Dernier exemple en date le 4 février, lorsque plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans la capitale malienne, brûlant notamment une effigie d'Emmanuel Macron.