La capitale malienne a été le 4 février le théâtre d'une manifestation qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes selon RFI (plusieurs milliers selon BFM), contre la présence des troupes militaires françaises dans le pays. Celles-ci y opèrent dans le cadre de la force Barkhane, lancée en 2014 dans l'objectif de lutter contre les groupes armés djihadistes qui opèrent dans toute la région du Sahel.
«Les manifestants demandent que le Mali puisse exercer entièrement sa souveraineté nationale», rapporte RFI, qui est allé à la rencontre des organisateurs de cette mobilisation. «Quand quelque chose ne marche pas, ce n'est pas la peine d'insister. Tout le monde a compris que l'échec de la France aujourd'hui dans le Sahel est visible. Cette politique néocolonialiste ne peut pas continuer», a ainsi considéré l'un d'entre eux, cité par la radio française, qui a pu constater sur la place la présence de pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Adieu la France» ou encore «la refondation de l'Afrique».
Selon BFM, des manifestants ont mis le feu à une effigie d'Emmanuel Macron.
Ce rassemblement survient alors que les relations entre les autorités françaises et maliennes n'ont cessé de se détériorer depuis que les militaires – qui ont pris le pouvoir par la force en août 2020 – ont décidé de repousser la date prévue des élections qui auraient ramené les civils à la tête du Mali. Ils ont fait valoir qu'il était actuellement impossible d'appeler les Maliens aux urnes du fait de l'insécurité qui persiste depuis 2012 sur un territoire dont les deux tiers échappent au contrôle des autorités.
De son côté, Paris reproche aux militaires au pouvoir de manquer de légitimité. «C'est la junte [...] qui [a] pris le pouvoir et qui [a] fait un double coup d'Etat depuis août 2020 qui est illégitime», avait en effet martelé le 28 janvier sur RTL Jean Yves Le Drian, reprochant au gouvernement malien sa volonté de reporter l'organisation des élections au nom de considérations sécuritaires. Il a ainsi dénoncé «une véritable fuite en avant de la junte qui n'est pas acceptable».
«On ne peut pas rester comme cela [...] Nous avons engagé des discussions et avec nos partenaires africains et avec nos partenaires européens pour savoir comment on peut adapter notre dispositif en fonction de la nouvelle situation [au Mali]», avait-il également fait savoir.
Le 31 janvier, les autorités maliennes ont décidé d'expulser l'ambassadeur de France, Joël Meyer, en réponse, selon elles, aux récentes déclarations «hostiles» de responsables français à leur encontre.