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«Convoi de la liberté» : Washington demande au Canada d'intervenir contre les blocages frontaliers

Les Etats-Unis ont proposé leur «aide pleine et entière» à Ottawa et ont appelé le Premier ministre canadien à user des «pouvoirs fédéraux» pour mettre fin au blocage d'axes frontaliers essentiels à certains secteurs économiques des deux pays.

Le 10 février, les Etats-Unis ont appelé le Canada à employer les «pouvoirs fédéraux» pour mettre fin aux convois de manifestants opposés aux mesures sanitaires qui bloquent des axes frontaliers majeurs entre les deux voisins américains depuis plusieurs jours et font peser une menace sur l'économie. 

Avec le blocage d'un troisième axe frontalier avec les Etats-Unis le 10 février, la contestation s'est encore étendue au Canada au moment où le mouvement inspire ailleurs dans le monde, de la France à la Nouvelle-Zélande.

Les manifestants ont en effet décidé de frapper l'économie en paralysant des voies commerciales essentielles – ce qui perturbe déjà certains secteurs comme l'industrie automobile des deux côtés de la frontière – depuis le blocage il y a quatre jours du pont Ambassador, situé entre l'Ontario et la ville de Detroit aux Etats-Unis.

Des responsables de la Maison Blanche ont fait savoir que Washington avait proposé son «aide pleine et entière», en précisant que plusieurs membres du gouvernement américain étaient en contact régulier avec leurs homologues canadiens à ce sujet. Ils ont aussi assuré que l'administration Biden était «mobilisée 24 heures sur 24 pour mettre fin rapidement» à la crise.

Le Premier ministre Justin Trudeau a de nouveau appelé le 10 février à la fin des manifestations. «Il est temps que cela finisse car cela fait mal aux Canadiens», a-t-il déclaré, sans toutefois proposer un plan d'action concret. Son gouvernement s'est contenté d'indiquer que des renforts policiers seraient envoyés aux endroits de blocage, sans plus de précisions.

Un pont essentiel à l'industrie automobile nord-américaine

L'inquiétude est montée d'un cran ces derniers jours car, en bloquant le pont Ambassador, les manifestants ont touché un axe central pour l'industrie automobile et forcé les géants du secteur – Ford, Stellantis et Toyota – à suspendre ou à ralentir temporairement les chaînes de fabrication dans plusieurs usines.

Estimant que la situation représentait une «crise nationale», le maire de la ville de Windsor Drew Dilkens a annoncé son intention d'«expulser» les manifestants par la force s'il obtient l'autorisation d'un tribunal. «Le préjudice économique que cette occupation cause au commerce international ne peut pas durer et doit cesser», a-t-il ajouté. 

La zone autour du pont Ambassador est cruciale pour l'industrie automobile, explique Jason Miller, expert en chaîne d'approvisionnement à l'université d'Etat du Michigan. «Certaines pièces peuvent traverser jusqu'à cinq, six ou sept fois le pont», précise-t-il. Ce pont transfrontalier voit passer chaque jour plus de 40 000 travailleurs et touristes, et les camionneurs y font traverser quotidiennement 323 millions de dollars de marchandises en moyenne. «Il est impératif que les gouvernements locaux, provinciaux et nationaux du Canada désamorcent ce blocus économique», a déclaré le 10 février le gouverneur du Michigan Gretchen Whitmer, les appelant à prendre «toutes les mesures nécessaires».

La police d'Ottawa dépassée par l'ampleur du mouvement

Le mouvement s'étend sur les routes et semblait dans une impasse dans les rues de la capitale fédérale Ottawa. Des centaines de camions bloquent toujours les rues, installés devant le Parlement et les bureaux de Justin Trudeau.

La police de la ville a une nouvelle fois expliqué qu'elle n'était «pas en mesure de mettre un terme» à la manifestation sans l'aide de renforts. Son chef Peter Sloly a expliqué «ne pas avoir les ressources suffisantes pour empêcher l'approvisionnement en essence des camions» qui bloquent les rues, ou pour «procéder à des arrestations». De fait, malgré un avertissement lancé le 9 février aux manifestants, la police n'a procédé qu'à deux nouvelles arrestations, portant leur nombre à 25 depuis le début du mouvement. 

En Europe, les autorités ont pris les devants : des rassemblements prévus pour la fin de semaine ont été interdits, notamment à Paris et Bruxelles. Ce mouvement – baptisé comme au Canada «convois de la liberté» – semble prendre de l'ampleur, notamment dans l'Hexagone pour protester contre le pass vaccinal. Ses partisans se réclament des Gilets jaunes, la mobilisation populaire de 2018-2019, notamment déclenchée par une hausse des prix de l'essence qui avait tourné à la révolte contre le président Emmanuel Macron. En Nouvelle-Zélande, où des manifestants anti restrictions sanitaires sont rassemblés depuis trois jours près du Parlement à Wellington, des heurts ont éclaté le 10 février entre la police et les manifestants. Plus de 120 personnes ont été arrêtées.