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La majorité présidentielle refuse l’asile politique à Assange en France

La chambre basse du Parlement a voté contre une résolution proposant au gouvernement français d'accorder au journaliste australien le statut de réfugié. La majorité présidentielle s'est largement opposée au texte, provoquant l'ire de l'opposition.

Le 4 février, l'Assemblée nationale a voté contre une résolution transpartisane qui demandait au gouvernement français d'accorder l'asile politique au journaliste Julian Assange, actuellement détenu au Royaume-Uni dans l'attente d'une possible extradition vers les Etats-Unis.

Par 31 voix contre 17, et sous l'impulsion de la majorité présidentielle, les élus de la chambre basse ont rejeté la proposition de la députée Libertés et territoire du Nord Jennifer de Temmerman, anciennement membre de La République en marche (LREM).

Ironie du sort, cette résolution était examinée quelques jours après l'accord entre l'Assemblée nationale et le Sénat au sujet d'une proposition de loi émanant du député MoDem du Bas-Rhin, Sylvain Waserman, au sujet d'une meilleure protection des lanceurs d'alerte en France.

Une «victoire», selon Jennifer de Temmerman, la majorité visiblement embarrassée

«Aujourd’hui est une victoire. Nous redonnons une voix à celui qui n’en a plus», a toutefois salué Jennifer de Temmerman.

Si les anciens camarades de la députée ont voté contre sa résolution, qui n'avait qu'une portée symbolique car non contraignante, plusieurs candidats à la présidentielle ont soutenu le texte, comme le chef de file de La France insoumise (LFI) et député des Bouches-du-Rhône Jean-Luc Mélenchon ou encore le député communiste du Nord Fabien Roussel.

Le texte a également été soutenu par plusieurs députés écologistes, par des centristes de l'UDI ou encore par une députée socialiste.

«Il a dénoncé des agissements barbares et des bavures inqualifiables qu’il fallait rendre publics», a fait valoir le député communiste de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu.

Visiblement gênée aux entournures, la majorité a justifié ce refus par des «points litigieux» de la résolution concernant, selon elle, les aspects juridiques et diplomatiques, selon les mots employés par le député du Val-de-Marne Jean François Mbaye. Un argumentaire repris par le ministre du Commerce extérieur Franck Riester.

Des justifications qui ont suscité des critiques de l'opposition. Le député LFI de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière a reproché à la majorité de ne proposer qu'un «cadre juridique» à la protection des lanceurs d'alerte sans jamais évoquer nommément Julian Assange. De son côté, le député LFI de la Somme François Ruffin a dénoncé ce qu'il considère être de la «lâcheté» de la part du gouvernement français.

Enfin, le député non-inscrit de l'Essonne Cédric Villani a fait valoir que «la France ne se fera respecter que si elle parle haut».

Assange bientôt fixé sur son sort

Le fondateur de WikiLeaks est détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres depuis le 11 avril 2019. Le 10 décembre, à la suite d'un appel des Etats-Unis, la Haute cour de justice de Londres a annulé le refus d'extradition de Julian Assange prononcé 11 mois plus tôt par une juridiction inférieure. Le 24 janvier, la Haute cour de Londres a finalement autorisé le journaliste à faire appel de cette extradition.

Julian Assange va désormais déposer un recours devant la Cour suprême du Royaume-Uni pour s'opposer à cette extradition. Il est poursuivi par les Etats-Unis pour avoir publié, à partir de 2010, des centaines de milliers de documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan, dont des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. S'il est extradé aux Etats-Unis, ce journaliste multi-primé risque une condamnation à 175 ans de prison.