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Un journal espagnol affirme publier les réponses des Etats-Unis et de l'OTAN aux demandes russes

Dans des lettres que le journal El Pais dit avoir obtenues, Washington et l'Alliance atlantique formulent des réponses aux demandes de la Russie en matière de sécurité. L'OTAN n'a toutefois pas confirmé – ni infirmé – la véracité de ces documents.

Alors que les Etats-Unis et l'OTAN ont présenté dans des lettres leurs réponses aux demandes de la Russie en matière de la sécurité, le quotidien El Pais affirme avoir eu accès à ces documents et publie ce 2 février leur contenu présumé. Selon le journal espagnol, Washington et l'Alliance atlantique ont écarté tout retrait de l'organisation militaire à l'est, tout en appelant à «des discussions sincères à propos du contrôle des armes» et à un dialogue avec la Russie fondé sur «la transparence mutuelle et des mesures de rétablissement de la confiance».

Concernant l'extension de l'OTAN précisément, ils affirmeraient le droit de l'Ukraine ou de tout autre pays souverain à demander à rejoindre l'Alliance atlantique, une position en phase avec celle qu'ils ont défendue ces dernières semaines.

Ils affirmeraient également être prêts à renforcer leurs positions dites défensives en Europe, en cas d'«augmentation du déploiement russe» à proximité selon eux de la frontière de l'Ukraine ou «de nouvelle agression contre l'Ukraine» : une référence, sans doute, au rattachement de la Crimée à la Russie à l'issue d'un référendum en 2014, que les Occidentaux considèrent comme une annexion illégale.  

La lettre américaine suggérerait également la prise d'«engagements réciproques de la part des Etats-Unis et de la Russie de ne pas déployer des systèmes terrestres de lancement de missiles offensifs et des forces permanentes chargées de combattre sur le territoire ukrainien». 

Les Etats-Unis et l'OTAN proposeraient à Moscou des mesures de contrôle des armes et de rétablissement de la confiance dans le but d'écarter la menace présumée d'une offensive russe en Ukraine. Washington, en effet, considère depuis plusieurs semaines que Moscou envisagerait une invasion du territoire ukrainien, ce que les autorités russes démentent formellement.

Plus globalement, toujours selon El Pais, Etats-Unis et OTAN accuseraient dans leurs lettres la Russie d'avoir «rompu la confiance» et de menacer «les principes fondamentaux de l’architecture de sécurité euro-atlantique». Pour autant, ils se diraient «prêts à étudier des arrangements ou des accords» avec Moscou, y compris des documents écrits et signés, afin de «répondre à nos inquiétudes sécuritaires respectives».

Autre proposition occidentale qui se trouverait dans les documents cités par le journal espagnol : une renégociation avec les Etats-Unis des traités de contrôle des missiles nucléaires et un renouvellement de ceux-ci.

L'OTAN se refuse à tout commentaire

L'Alliance atlantique n'a pas souhaité réagir aux fuites présumées d'El Pais : «Nous ne faisons jamais de commentaires sur des fuites présumées», s'est contenté de déclarer à propos de ces texte un responsable de l'OTAN, cité par l'AFP.

Du côté russe, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, n'a pas non plus souhaité faire de commentaire.

Dans un contexte de vives tensions autour de l'Ukraine entre Occidentaux et Russie, cette dernière a remis mi-décembre aux Etats-Unis et à l'OTAN des propositions de traités visant à garantir sa sécurité et à parvenir à une désescalade en Europe. Ces propositions russes prévoient notamment un renoncement de l'organisation militaire à tout élargissement à l'est et un retour à l'architecture sécuritaire construite en Europe après la fin de la guerre froide. Par la suite, la diplomatie russe a précisé que Moscou demandait un retrait des troupes étrangères de l'OTAN de certains pays d'Europe (parmi lesquels la Roumanie et la Bulgarie), afin de «revenir à la configuration de 1997 sur le territoire des pays qui n’étaient pas membres de l’OTAN à cette date».

Les Occidentaux ont refusé jusqu'alors ces exigences russes, invoquant le caractère défensif de l'organisation militaire, d'une part, et la souveraineté des Etats devant rester libres de choisir leurs alliances, d'autre part. Or, la Russie affirme que les Occidentaux avaient promis verbalement à Moscou à la fin de la guerre froide de ne jamais étendre l'organisation militaire menée par Washington, ce qui s'est néanmoins produit avec les élargissements successifs de l'Alliance atlantique aux pays de l'ancien bloc communiste.