Le chef du gouvernement hongrois Viktor Orban et le chef d'Etat russe Vladimir Poutine ont discuté, ce 1er février à Moscou, de coopération bilatérale dans les domaines commercial, économique, énergétique, culturel et humanitaire, mais aussi de la sécurité en Europe, sujet actuellement dominé par les tensions entre Occident et Russie autour de l'Ukraine.
Il est déjà clair que les préoccupations de principe de la Russie ont été ignorées
A ce sujet, le président russe Vladimir Poutine a déclaré lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre qu'il était «clair» que l'Occident avait «ignoré» les préoccupations russes en matière de sécurité. «Nous analysons les réponses écrites reçues des Etats-Unis et de l'OTAN [...] mais il est déjà clair que les préoccupations de principe de la Russie ont été ignorées», a dit le chef d'Etat russe, en référence aux propositions formulées par la Russie auprès de Washington et de l'Alliance atlantique, visant à garantir sa sécurité et à parvenir à une désescalade en Europe.
Parmi ces propositions, les principales sont l'engagement de l'OTAN à ne plus s'étendre davantage vers l'est et un retour à l'architecture sécuritaire construite en Europe après la fin de la guerre froide.
L'objectif primordial [des Etats-Unis], c’est de freiner le développement de la Russie
«On nous dit que oui, chaque pays dispose du droit de choisir son propre système de défense. Nous sommes d’accord avec cela. Mais il me semble que même les Etats-Unis ne veillent pas trop sur la sécurité européenne – peut-être qu’ils y pensent mais cela n’a qu’une importance secondaire. Leur objectif primordial, c’est de freiner le développement de la Russie», a également accusé Vladimir Poutine. Selon le chef d'Etat, dans cette logique l’Ukraine ne serait qu’un «instrument» de Washington pour atteindre ce but : «Cela peut être fait par de différentes voies : en nous entraînant dans un conflit armé quelconque ou en forçant, entre autres, ses alliés européens à imposer contre nous ces sanctions sévères dont on parle aujourd’hui aux Etats-Unis», a poursuivi Vladimir Poutine.
Et le président d'ajouter : «J'espère qu'au final nous trouverons une solution, même si ce n'est pas facile».
«Il est possible de conclure un accord qui garantisse la paix», selon Orban
Sur le même thème, le Premier ministre hongrois s'est montré optimiste, déclarant lors de cette conférence de presse conjointe avec Vladimir Poutine : «La situation est grave, les différences significatives [...] mais elles sont surmontables». «Il est possible de conclure un accord qui garantisse la paix, la sécurité de la Russie et soit aussi acceptable par les membres de l'OTAN», a-t-il estimé.
En raison précisément des tensions Occident-Russie autour de l'Ukraine, l'opposition hongroise avait appelé Viktor Orban à annuler sa visite à Moscou : «Une telle rencontre amicale est particulièrement nocive et contraire à nos intérêts nationaux [car elle suppose que] les Etats membres de l'OTAN et de l'UE ne sont pas unis dans leur rejet des propositions de Poutine», avait accusé l'opposition hongroise, dans un communiqué commun cité par l'AFP.
Pour autant, lors d'un rassemblement de conservateurs européens à Madrid le week-end passé, le Premier ministre hongrois avait affirmé que l'Ukraine, «pour nous en Europe centrale, est un sujet très important» et qu'il souhaitait «la paix et la désescalade» à ce sujet. Dans ce contexte, Budapest s'oppose à l'envoi de troupes supplémentaires de l'OTAN sur son territoire, jugeant que cela n'est pas «approprié» dans la mesure où la Hongrie «a déjà créé une telle force nationale, développé de telles capacités nationales». Le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto avait ainsi dit ne pas vouloir d'une «nouvelle guerre froide», au sujet de discussions sur une demande américaine de déploiement de troupes de l'Alliance en Hongrie.
Au-delà des questions géopolitiques, la coopération entre Budapest et Moscou est étroite : la Hongrie a, par exemple, été le premier pays de l'Union européenne à donner son feu vert à l'utilisation du vaccin russe anti-Covid Spoutnik V, qui n'est toujours pas reconnu à ce jour par l'Agence européenne des médicaments (EMA).