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Ukraine : à l'ONU, Moscou réfute les accusations «hystériques» et dénuées de preuves de Washington

Devant l'ONU, la Russie a dénoncé les «accusations infondées» de Washington sur un présumé projet d'invasion, qui n'auraient pour but que d'alimenter les tensions. Pour Moscou, Washington compte «sacrifier» Kiev pour servir ses propres intérêts.

A la veille d'un entretien téléphonique entre les chefs de la diplomatie russe et américaine, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni le 31 janvier pour faire le point sur la situation en Ukraine. Une réunion à l'initiative de Washington, selon qui le déploiement de «plus de 100 000 militaires russes» à sa frontière avec l'Ukraine «menace la sécurité internationale».

Dans son discours, l'ambassadeur de la Russie à l'ONU Vassili Nebenzia, a tenu à mettre les points sur les i, dénonçant la volonté de Washington de présenter les mouvements de troupes russes sur son propre territoire «comme la confirmation d'une action militaire prétendument planifiée, voire d'une agression».

«Une action militaire de la Russie contre l'Ukraine, comme ils le prétendent tous, ne serait qu'une question de semaines, voire de jours. Sans pour autant fournir la moindre preuve à l'appui d'allégations aussi graves», a-t-il déclaré, accusant Washington de  vouloir «créer l'hystérie» et «tromper la communauté internationale» avec des «accusations infondées».

«Nos collègues occidentaux parlent de la nécessité d'une désescalade, mais c'est avant tout eux eux-mêmes qui attisent les tensions, [aggravent] la rhétorique et provoquent une escalade», a-t-il appuyé.

Ils créent délibérément l'impression que Moscou attiserait à dessein la tension afin d’obtenir que les Etats-Unis et l'OTAN soient plus conciliants par la suite

En intégrant artificiellement «la tension imaginaire à la frontière russo-ukrainienne qu'ils ont eux-mêmes créée» dans le processus de négociation entre la Russie et Wahsington et l'OTAN, le but ne serait selon le diplomate que de mettre en place «des garanties de sécurité juridiquement contraignantes à la Russie» : «Ils créent délibérément l'impression que Moscou attiserait à dessein la tension afin d’obtenir que les Etats-Unis et l'OTAN soient plus conciliants par la suite.»

Sacrifier l'Ukraine au nom de leurs intérêts

«Puisque nos collègues américains nous ont réunis ici aujourd'hui, qu'ils présentent au moins quelques preuves – autres que des suppositions – que la Russie se prépare à attaquer l'Ukraine. Dans le discours de ma collègue américaine, il y avait suffisamment d'accusations d’actions agressives visant la Russie, mais pas un seul fait concret», a martelé Vassili Nebenzia, avant de se demander d'où les Occidentaux tenaient le chiffre de 100 000 militaires.

«Nous n'avons cité ce chiffre nulle part et nous ne l'avons pas confirmé. Nous nous souvenons de ces techniques – de l'époque où, le secrétaire d'Etat américain d’alors Colin Powell, aujourd’hui décédé, brandissait un flacon d'une substance inconnue dans cette salle comme preuve de présence d'armes de destruction massive en Irak. Les armes n'ont jamais été retrouvées, mais tout le monde sait ce qui s'est passé avec ce pays», a-t-il encore fait remarquer. 

Et de conclure : «Il semblerait que nos collègues américains soient également prêts à sacrifier l'Ukraine au nom de leurs intérêts géopolitiques.» Depuis plusieurs semaines, Washington et certains de ses alliés accusent la Russie d'envisager une invasion du territoire ukrainien, ce que Moscou dément catégoriquement. La Russie, de son côté, exprime ses craintes quant à sa sécurité, liées à l'extension de l'OTAN vers l'est et à la perspective de livraisons d'armements offensifs à l'Ukraine, pays voisin. Dans ce contexte, Moscou a proposé à Washington et à l'OTAN des traités prévoyant un renoncement de l'Alliance atlantique à tout élargissement à l'est et un retour à l'architecture sécuritaire construite en Europe après la fin de la guerre froide. Les Occidentaux refusent à ce jour les demandes russes, invoquant le caractère défensif de l'Alliance atlantique d'une part, et la souveraineté des Etats qui doivent selon eux rester libres de choisir leurs alliances, d'autre part.