Ce 28 janvier, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a évoqué lors d'un discours télévisé l'éventualité d'un engagement militaire de son pays aux côtés des forces russes en cas d'agression directe visant la Biélorussie ou la Russie.
Jugeant le niveau des tensions actuelles en Europe «critique», Alexandre Loukachenko a affirmé qu'une guerre était possible, «mais seulement dans deux cas» : «Si une agression directe a lieu contre la Biélorussie, si une guerre chaude est déclenchée contre notre Biélorussie», ou si la Russie «est directement attaquée et si cette même agression est commise contre le territoire de la Fédération de Russie».
Concernant l'hypothèse d'une attaque contre la Biélorussie, Alexandre Loukachenko s'est exprimé en ces termes : «Comme un seul homme, même ceux qui ne le voudront pas, nous défendrons notre terre et notre patrie. Pendant des siècles, notre peuple s’est battu pour sa terre, pour son indépendance et sa souveraineté. Nous l’avons reçue, nous avons acquis cette indépendance. Et aujourd’hui, le moment est venu où cette indépendance doit être défendue.»
Si une agression est commise contre notre pays, il y aura ici des centaines de milliers de soldats russes qui, avec des centaines de milliers de Biélorusses, défendront cette terre sacrée
Evoquant une guerre à laquelle la Biélorussie «participera» en cas d'agression visant la Russie, Alexandre Loukachenko a poursuivi comme suit : «A la base de cela se trouvent nos accords entre alliés. Je veux répondre à l’Occident collectif – c'est pour eux très important – y aura-t-il des troupes sur le territoire biélorusse ? Si une agression est commise contre notre pays, il y aura ici des centaines de milliers de soldats russes qui, avec des centaines de milliers de Biélorusses, défendront cette terre sacrée.»
Le chef d'Etat biélorusse a toutefois précisé qu'il «n'y aura[it] pas de vainqueurs dans cette guerre [car] tout le monde perdra[it] tout».
Plusieurs mois de tensions en Europe orientale
Ces déclarations s'inscrivent dans un contexte de vives tensions entre l'Occident et Moscou autour de la sécurité en Europe, et de séries d'entretiens et rencontres diplomatiques visant à les réduire.
Depuis plusieurs semaines, Washington et certains de ses alliés accusent la Russie d'envisager une invasion du territoire ukrainien, ce que Moscou dément catégoriquement. La Russie, de son côté, exprime ses craintes quant à sa sécurité, liée à l'extension de l'OTAN vers l'est et à la perspective de livraisons d'armements offensifs à l'Ukraine, pays voisin. Dans ce contexte, Moscou a proposé à Washington et à l'OTAN des traités prévoyant un renoncement de l'Alliance atlantique à tout élargissement à l'est et un retour à l'architecture sécuritaire construite en Europe après la fin de la guerre froide.
Les Occidentaux refusent à ce jour les exigences russes, invoquant le caractère défensif de l'Alliance atlantique d'une part, et la souveraineté des Etats, devant rester libres de choisir leurs alliances, d'autre part. Or, la Russie fait valoir que les Occidentaux avaient promis verbalement à Moscou à la fin de la guerre froide de ne jamais élargir l'Alliance, promesse mainte fois rompue avec les élargissements successifs de l'OTAN aux pays anciennement dits «de l'Est»
A l'automne dernier, une crise migratoire avait été à l'origine d'importantes tensions entre Minsk et Bruxelles. La situation avait dégénéré lorsqu'un attroupement de plusieurs milliers de personnes s'était formé à la frontière polono-biélorusse, alors que des milliers de migrants tentaient depuis des mois de pénétrer dans l'Union européenne (UE) depuis la Biélorussie. Une situation que le président français Emmanuel Macron avait qualifiée de «guerre hybride».