L'OTAN a publié un communiqué le 24 janvier dans lequel l'Alliance annonce l'envoi de «navires et d'avions de combat supplémentaires» en Europe de l'Est. Il s'agirait pour l'Alliance transatlantique de renforcer sa force de «dissuasion» face à la Russie, alors que celle-ci a plaidé pour la «désescalade» par la voix de son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, qui a également dénoncé «une hystérie déchaînée par les Occidentaux» le 21 janvier, à propos du dossier ukrainien. La Russie a également accusé l'organisation de vouloir exacerber les tensions.
Dans le détail, le communiqué évoque l'envoi par le Danemark d'une frégate dans la mer Baltique et du déploiement de quatre avions de chasse F-16 en Lituanie. L'Espagne, poursuit le texte, envoie aussi des navires et envisage de déployer des troupes en Roumanie «sous le commandement de l'OTAN». «Les Pays-Bas envoient deux avions de combat F-35 en Bulgarie à partir d'avril pour soutenir les activités de police aérienne de l'OTAN dans la région, et mettent un navire et des unités terrestres en attente pour la Force de réaction de l'OTAN», lit-on encore. De plus, comme Emmanuel Macron l'avait annoncé le 19 janvier, «la France s'est déclarée prête à envoyer des troupes en Roumanie», confirme le texte. Il est en outre rappelé que les Etats-Unis envisagent d'accroître leur présence à l'Est de l'Europe.
Peskov accuse l'OTAN d'exacerber les tensions
«L'OTAN continuera de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger et défendre tous les Alliés, y compris en renforçant la partie orientale de l'Alliance», promet le Secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg, cité par le communiqué. Celui-ci se félicite que les Alliés fournissent des «forces supplémentaires à l'OTAN», en prévenant que celle-ci restait prête à réagir face «à toute détérioration de notre environnement de sécurité».
Toujours selon le communiqué de l'Alliance atlantique, les «quatre groupements tactiques multinationaux» situés en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne, dirigées respectivement par le Royaume-Uni, le Canada, l'Allemagne et les Etats-Unis, sont «prêts au combat». Le communiqué affirme enfin qu'«il n'y avait pas de forces de l'OTAN dans la partie orientale de l'Alliance avant 2014».
De son côté, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a fustigé le comportement de l'alliance. «Les tensions sont exacerbées par les annonces et les action concrètes des Etats-Unis et l'OTAN», a-t-il déclaré le 24 janvier face aux journalistes.
La Russie continue d'exiger un engagement écrit sur le non-élargissement de l'OTAN à l'Est, ainsi que le retrait des forces et des armements de l'Alliance dans cette zone. Les Occidentaux jugent ces demandes inacceptables, et les tensions se sont multipliées, qu'il s'agisse de l'annonce de la livraison d'armes légères à l'Ukraine par le Royaume-Uni ou de l'accusation portée par ce pays à l'encontre de la Russie selon laquelle Moscou préparerait un coup d'Etat en Ukraine, allégations fermement contestées par le Kremlin.
Des dissensions chez les Occidentaux ?
Des divergences s'observent toutefois au sein du camp occidental : le chancelier allemand Olaf Scholz a ainsi appelé à la «sagesse» à propos des sanctions qui pourraient être prises à l'encontre de la Russie, tandis que le chef de la Marine allemande a démissionné de ses fonctions le 22 janvier, après avoir qualifié d'«ineptie» l'idée que la Russie souhaiterait envahir l'Ukraine.
L'UE attend des explications de la part du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken sur la probabilité de cette invasion, surprise par la dramatisation de Washington qui a ordonné l'évacuation des familles de ses diplomates dans ce pays, un rappel critiqué par l'Ukraine elle-même. Le Royaume-Uni a suivi le mouvement et annoncé le retrait d'une partie du personnel de son ambassade à Kiev.
«Nous n'avons pris aucune décision pour demander le départ des familles de nos diplomates d'Ukraine, à moins que Blinken ne nous fournisse des informations justifiant un tel mouvement», a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, rappelant que les négociations se poursuivaient avec la Russie.
Dans le même temps, la Commission européenne a annoncé ce 24 janvier qu'elle proposait de renforcer son soutien financier à l'Ukraine, à hauteur d'1,2 milliard d'euros. Il s'agit d'un nouveau «paquet d'aide d'urgence» que devront encore valider le Parlement européen et les Etats membres, a précisé dans une courte allocution à Bruxelles la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.