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«Projet purement géopolitique» : Lavrov livre sa vision de l'objectif de l'OTAN

Dans une interview accordée le 27 décembre, le chef de la diplomatie russe a estimé que l'OTAN cherchait à combler le vide laissé par la disparition de l'URSS en s'étendant vers l'est, et rappelé que la Russie serait ferme face à cette menace.

Dans un entretien accordé à l’émission Soloviev Live le 27 décembre, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a évoqué le rôle de l’OTAN en tant que bloc géopolitique, ainsi que les négociations à venir, tant avec les Etats-Unis qu'avec l'OTAN, visant à mettre un terme à des tensions diplomatiques et sécuritaires récurrentes.

Il a estimé que l'Alliance atlantique s'apparentait désormais à «un projet purement géopolitique d’assimilation d’un territoire qui s’était retrouvé délaissé après la disparition du Pacte de Varsovie [en 1991] et l’effondrement de l’Union soviétique», faisant référence à la perspective d'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN. Ce qui reste une ligne rouge pour Moscou : «Le fait qu’ils s’approchent, comme l’a dit Poutine, du seuil de notre maison, ne peut bien sûr pas nous laisser indifférents», a indiqué le chef de la diplomatie russe.

Réaffirmant que la Russie ne souhaitait pas s'engager sur le chemin d'une escalade militaire, Sergueï Lavrov a évoqué les négociations à venir, espérant qu'elles pourraient permettre des avancées, même si la partie russe n'est selon lui pas dupe de «la capacité des Occidentaux à passer à la trappe toutes les questions qui leur semblent inconfortables». Les prochains rendez-vous prévus étant d'abord des discussions bilatérales russo-américaines le 10 janvier à Genève, suivies le 12 janvier d'un échange OTAN-Russie.

L'expansion de l'OTAN critiquée par Sergueï Lavrov

Le ministre des Affaires étrangères a rappelé que des négociations honnêtes consistent à réunir les parties et à échanger des propositions, avant d'«élaborer une sorte de base commune», mais à la condition que «les deux parties manifestent une volonté de négocier». Or, Sergueï Lavrov a fait part de «sérieux doutes quant au fait que la plus importante des propositions [russes], à savoir l’exigence inconditionnelle de non-extension de l’OTAN vers l’est, ne passera pas à la trappe».

Il a également précisé que les négociations seraient menées par une délégation interministérielle incluant le ministère des Affaires étrangères et des militaires «à un haut niveau». Si, «en ce qui concerne les Etats-Unis, tout est clair» sur ce point, les responsables de l'OTAN ont été avertis de l'opinion russe selon laquelle «les discussions ne feraient sens qu’en cas de participation directe des militaires».

«Nous leur avons demandé de confirmer si nous avions bien compris et s’ils comptaient bien faire la même chose» que la Russie, à savoir envoyer des militaires de haut rang à ces négociations, a indiqué le diplomate, se disant dans l'attente d'une réponse de l'autre partie.

Parmi les propositions remises par la Russie le 17 décembre pour assurer «la sécurité de la Fédération de Russie et des Etats membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord», un point central consiste à ce que ces derniers «s'engagent à s'abstenir de tout nouvel élargissement de l'OTAN, y compris l'adhésion de l'Ukraine ainsi que d'autres Etats». Le 23 décembre, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg, avaient réagi en indiquant que «l'Alliance restait prête à mener un dialogue constructif avec la Russie», même si certains points ne seraient «jamais» acceptés.

Le 26 décembre, le président russe Vladimir Poutine a quant à lui estimé que l'OTAN faisait «en permanence des déclarations sur la nécessité de mener des pourparlers», mais en continuant à doter les pays frontaliers de la Russie de systèmes d’armements modernes, accroissant les menaces pesant sur son pays.