Après les heurts autour du convoi de Barkhane, le président nigérien exige une enquête française
- Avec AFP
Un convoi militaire français parti d'Abidjan avait été interrompu le 27 novembre par des manifestants à Téra, dans l'ouest du Niger. Trois d'entre eux avaient été tués dans des tirs dont la responsabilité n'a pas été clairement établie à ce jour.
Le président nigérien Mohamed Bazoum a «exigé des autorités françaises» une enquête sur les heurts survenus le 27 novembre sur la route du convoi militaire de la force Barkhane, au cours desquels trois personnes ont été tuées selon Niamey.
«S'agissant des militaires français, j'ai exigé des autorités françaises qu'elles ouvrent une enquête en vue de sanctionner ceux qui ont été coupables d'actes répréhensibles», a expliqué le président nigérien dans un message radio-télévisé le 17 décembre, à l'occasion du 63e anniversaire de la proclamation de la république dans cette ancienne colonie française.
Ce convoi militaire français parti de la capitale économique ivoirienne Abidjan devait rejoindre Gao au Mali, comme cela se produit fréquemment depuis le début de l'intervention française au Sahel en 2013. Mais il est devenu un symbole de l'hostilité à l'engagement armé de la France au Sahel, qui grandit notamment au Mali et au Burkina Faso.
Situer les différentes responsabilités
Le convoi avait d'abord été bloqué et caillassé à Kaya, dans le centre du Burkina Faso, avant de reprendre sa route quelques jours plus tard et d'être à nouveau interrompu par des manifestants en colère à Téra, dans l'ouest du Niger. Plusieurs d'entre eux avaient été tués, dans des tirs imputés aux forces nigériennes par certains, françaises par d'autres.
Selon Mohamed Bazoum, «des dysfonctionnements fâcheux» du «dispositif du maintien de l'ordre», qui était «largement insuffisant» pour «assurer le passage du convoi militaire français», sont à l'origine de ces heurts. Il a par ailleurs affirmé avoir «ordonné une enquête» par les «services compétents» nigériens «afin d'identifier ces dysfonctionnements et situer les différentes responsabilités».
De bonnes relations entre Paris et Niamey
Le bilan officiel nigérien a fait état de trois morts et 17 blessés parmi les manifestants. De son côté, le colonel français Pascal Ianni avait confirmé deux décès le 28 novembre, avant que le ministère de l'Intérieur nigérien rapporte la mort en hôpital d'une troisième personne qui avait été blessée durant les événements.
Le convoi avait pu reprendre la route pour finalement arriver à Gao. A l'époque, le ministère nigérien de l'Intérieur avait expliqué que «des manifestants très violents» avaient bloqué le convoi sous escorte de la gendarmerie nigérienne. Il ajoutait, sans préciser s'il faisait référence à la gendarmerie ou à la force Barkhane, que «dans sa tentative de se dégager elle [avait] fait usage de la force». Après ces incidents, le président nigérien avait changé le ministre de l'Intérieur, Alkache Alhada, ainsi que le Haut commandant de la Gendarmerie nationale, le général Salifou Wakasso, sans explication.
Le Niger doit faire face aux attaques régulières et meurtrières de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et Daesh. Frontalier du Burkina Faso et du Mali, il est un point de passage régulier de la force française qui va alléger son empreinte en réduisant ses effectifs de plus de 5 000 soldats aujourd'hui, à 3 000 mi-2022. Contrairement aux relations entre la France et le Mali qui se sont tendues ces derniers mois, les rapports entre Niamey et Paris sont au beau fixe. Mohamed Bazoum avait même exprimé, alors que le convoi allait arriver au Niger, sa «reconnaissance» envers la France dont il saluait les «sacrifices».