«Nous ne pouvons pas ne pas être préoccupés par la perspective d’une éventuelle admission de l’Ukraine à l’OTAN car cela sans aucun doute entraînera que des contingents militaires [de cette structure], des bases et des armes qui présentent pour nous une menace y seront déployés», a déclaré le président Vladimir Poutine, ce 8 décembre en conférence de presse, au lendemain d'une réunion par visioconférence avec son homologue américain Joe Biden, lors de laquelle cette question a été évoquée.
Relevant la présence de «complexes de défense anti-missile Mk-41 en Pologne et en Roumanie», le chef d'Etat russe a martelé : «Nous avons toutes les raisons de croire que la même chose se produira au cas où l’Ukraine adhérerait à l’OTAN, mais alors sur le territoire ukrainien. Comment peut-on ne pas y penser ? Ce serait une inaction criminelle de notre part.»
Par ailleurs, Vladimir Poutine a souligné que son pays menait «une politique étrangère pacifique» tout en ayant «le droit d’assurer sa sécurité [...] à moyen et à plus long terme», dans un contexte de tensions autour de l'Ukraine entre Washington, Kiev et leurs alliés européens d'une part et Moscou d'autre part.
Les tensions autour de l'Ukraine au cœur des discussions entre Moscou et Washington
Lors de son entretien du 7 décembre avec Joe Biden, Vladimir Poutine avait exprimé son souhait de garanties formelles contre l'expansion de l'Alliance atlantique en direction des frontières russes – une exigence régulièrement formulée par Moscou. «La Russie est sérieusement intéressée par l’obtention de garanties fiables et juridiquement fixées qui excluent l’extension de l’OTAN vers l’Est et le déploiement de systèmes offensifs d’armement dans les Etats voisins de la Russie», avait ainsi rapporté un communiqué du Kremlin après la réunion virtuelle entre les deux chefs d'Etat.
Le président russe avait également dénoncé auprès de son homologue américain les «dangereuses tentatives» de l'Alliance atlantique «d'exploiter le territoire ukrainien et d'y renforcer les capacités militaires [aux] frontières [de la Russie]».
Lors du même entretien, Joe Biden avait, lui, «fait savoir» que Moscou s'exposerait à de «fortes sanctions, entre autres économiques», en cas d'«escalade militaire» autour de l'Ukraine, selon un communiqué de la Maison Blanche.
Craintes de part et d'autre
Depuis plusieurs semaines, Kiev et certains de ses alliés dont Washington ont exprimé leurs craintes quant à des mouvements de troupes au sein du territoire russe, à proximité de la frontière ukrainienne. La Russie a balayé à plusieurs reprises les rumeurs sur des préparatifs d'invasion de l'Ukraine, tout en rappelant qu'elle prenait des «mesures pour assurer [sa] sécurité si nécessaire».
La Russie a en outre fait part de ses propres inquiétudes concernant des manœuvres de navires militaires américaines en mer Noire, mer bordant les territoires russe et ukrainien.
Dans ce contexte, Moscou estime qu'un engagement de Kiev à ne pas rejoindre l'OTAN contribuerait à faire décroître les tensions autour de l'Ukraine. Or pour l'instant, ni Kiev, ni Washington ne souhaitent s'engager à signer un accord bloquant l'extension de l'Alliance militaire à l'Est, même si la procédure d'adhésion de l'Ukraine à l'Alliance militaire occidentale, officiellement ouverte, piétine.